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Je demande qu'on sorte des jeux de rôles convenus et des scénarios écrits d'avance (N. Sarkozy)

Berlin

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Contributeurs

Contenu de l'ouvrage

Matériel

Livre à couverture souple de 128 pages.

Description

Une fois n'est pas coutume, un City Sourcebook décrit une ville européenne contemporaine : rien moins que l'ex-capitale allemande fraîchement réunifiée (le supplément date de 1993).

Réunifiée ? Voire ! La métropole est dirigée par deux princes caïnites rivaux qui font perdurer la division Est-Ouest de manière occulte, la plupart des anciens vampires ont disparu lors de la chute du IIIe Reich, des jouvenceaux appartenant à des clans a priori marginaux (Nosferatu et Malkavian) se sont imposés en faisant voler en éclats la fragile stabilité politique, les mouvements néo-nazis prennent de l'ampleur, tandis qu'un remuant groupuscule de diabolistes (Sabbat ou Anarch ?) vise déjà à instaurer le IVe Reich.

L'introduction (6 pages) explique la particularité politique de Berlin dans le contexte du Monde des Ténèbres. Suivent un échantillon de prénoms germaniques masculins et féminins, une présentation sommaire du contenu du supplément, une bibliographie et une filmographie, le thème et l'ambiance des chroniques berlinoises, une note sur les moyens de locomotion et une carte géopolitique de l'Europe.

History (10 pages) retrace ensuite l'histoire événementielle, politique et militaire du règne du Ventrue Gustav Breidenstein, notamment les guerres successives que ce prince belliqueux du Brandebourg mena contre ses voisins sous couvert de conflits mortels (depuis la guerre de Trente Ans jusqu'à la Première Guerre mondiale). Le Reich hitlérien est présenté comme un phénomène mortel indépendant, un encadré relatant de surcroît le Project : Werewolf (expérimentations nazies menées sur diverses créatures du Monde des Ténèbres, vampires inclus). Vient ensuite le récit de la guerre froide qui entérina le partage de Berlin entre le prince Gustav et son infant Wilhelm jusqu'à la chute du mur (et même au-delà). L'ère nouvelle est toujours susceptible d'être troublée par "l'héritage d'Adolf Hitler".

Geography (20 pages) détaille les vingt arrondissements berlinois, soit les douze de l'Ouest et les huit de l'Est, théoriquement contrôlés par autant de bourgmestres caïnites. Ce chapitre ne tient pas compte des trois arrondissements créés pendant les années 80 (Marzahn, Hellersdorf et Hohenschönhausen) ; ceux-ci ne figurent pas davantage sur les trois cartes incluses (découpage administratif de Berlin : vue générale, Est et Ouest).

The Kindred (30 pages) présente les principaux caïnites de la ville (une vingtaine dont deux ou trois personnalités historiques, soit "moins de la moitié des vampires berlinois"), une meute du Sabbat, ainsi que deux étranges créatures : les frères Grimm (fées ? mages ? fantômes des célèbres conteurs ?).

Coteries (20 pages) décrit les diverses coteries formées par les vampires de Berlin (dont les deux Primogènes Est et Ouest), l'influence souterraine exercée par les anciens caïnites portés disparus dans les ruines fumantes du IIIe Reich, les lupins de la forêt de Grunewald, les Ravnos de "la caravane", ainsi que les influences extérieures (la Camarilla et les autres princes européens).

La deuxième partie du supplément (Book Two, 30 pages) consiste en un scénario intitulé L'ascension de Caïn. Depuis peu, des rêves étranges tourmentent la population caïnite de Berlin ; des rumeurs insistantes évoquent même la venue du mythique Caïn. Serait-ce le début de la Géhenne ? Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la Camarilla a décidé d'en finir avec le chaos régnant dans la ville en envoyant le Justicar Tremere pour y rétablir l'ordre. Coïncidence amusante : ce Tremere est un vieil ennemi du prince Gustav...

Un index général (3 pages) clôt ce City Sourcebook.

Berlin by Night a été réédité conjointement avec Los Angeles by Night dans Cities of Darkness volume 2.

Cette fiche a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009.  Dernière mise à jour le 10 mai 2014.

Critiques

Danilo d'Ambre  

White Wolf a toujours eu tendance à ramasser tous les thèmes douteux qui lui passaient à portée de la main. C'est pourquoi je pense que la présence d'un Heinrich Himmler vampire du Sabbat est tout sauf acceptable. Il s'agit d'une oeuvre de fiction, je sais, mais il est quand même quelques sujets que je trouve un peu trop sensibles, voire propres à donner des arguments aux détracteurs de notre passe-temps favori. A part cet écart, Berlin by Night est un supplément assez complet, avec quelques idées originales, même si son grand âge le rend obsolète par quelques endroits (pas un mot sur les mages, évidemment, et des règles pour les vampires animaux, supprimées depuis). L'antagonisme entre les deux moitiés de la ville est utilisé à fond, et certains personnages valent le détour. A noter que cette édition et la réédition dans City of Darkness sont épuisées.

Deadelvis  

Oui, Himmler est là. Maintenant, perso je me fous comme de l'an 40 de ça. Après tout pourquoi pas ? Et si vous n'aimez pas ce perso, virez le, il n'est pas capital. Maintenant, beaucoup ont dit que parce que c'était Berlin, il y avait des Nazis. C'est vrai. C'est assez logique aussi. Bien que l'Allemagne ne soit plus nazie dans l'âme, et bien qu'elle possède des lois assez répressives sur le sujet, ce pays est un de ceux où les Néo-nazis sont le plus présents et actifs.

Ceci étant dit. Le livre est vieux, et donc plus vraiment officiel. Vous y trouverez à boire et à manger : un peu de tous les clans normaux, une sétite puissante, des animaux vampires, deux princes en guerre, beaucoup de PNJs bien bourrins... L'ensemble n'est pas mauvais, à mon sens, mais le livre est toujours au coeur de débats houleux entre ses admirateurs et ses détracteurs.

Le scénario qui complète le by night n'est à mon sens pas le meilleur scénar du monde, mais c'est loin d'être le pire de ce que WW a pu produire. Ceci dit, les gens impliqués sont des monstres de puissance, et les PJs se sentiront un peu dépassés par l'action.

Le supplément prend tout son sens couplé avec Elysium, le supplément qui permet de jouer des pretenders (comprendre des nouveaux-nés étreints par des vampires puissants, ce qui permet aux joueurs de jouer un vampire d'un meilleure génération). L'ensemble nécessitera toutefois un bon MJ, des joueurs "roleplay", et du boulot pour adapter à sa sauce.

matreve  

White Wolf avait laissé une empreinte sulfureuse dans la production rôlistique lors de la parution très contestée et contestable du supplément Shoah qui explorait l’univers des Camps de Concentration nazis et de la Solution Finale pour Wraith. Pourtant, quelques années auparavant et de façon plus inaperçue, le Loup Blanc a commis ce supplément Vampire.

Est-ce justifié que je le range dans le même Compacteur à Ordures que Shoah alors que le propos est bien moins explicite ? D’une certaine façon, il est en effet encore pire que Shoah qui se voulait (très maladroitement) éducatif. Berlin by Night cumule en effet d’avoir importé comme PNJ de premier plan Heinrich Himmler (le vrai chef des SS, revenu d’entre les morts), sans oublier Goering (même si le supplément dit qu’on n’est pas sûr que ce soit lui), et cite Mein Kampf dans sa bibliographie de référence. Sans déconner !

A partir de là, difficile de pardonner quoi que ce soit à ce supplément qui retient du nazisme juste un côté cool / über dark qui collerait prétendument à Vampire. Mais une fois qu’on a terminé cette pénible lecture, il apparaît évident que l’auteur s’est comporté comme un gougnafier dans cette sinistre mascarade.

En effet, on ne trouvera dans ce supplément aucune Histoire de Berlin jusqu’à ce qu’on arrive à l’époque Hitlérienne puis la Guerre Froide puisque ce supplément, paru peu après la Chute du Mur de Berlin, joue sur la partition encore très nette entre la partie Ouest et la partie Est.

Tous les protagonistes, malgré leurs siècles d’ancienneté (car on a affaire à une inflation de PNJ gros bills), se résument à l’aune de cette Histoire récente. Et donc, comme d’habitude on a notre lot de PNJ puisés dans les fonds douteux de l’Histoire : je ne reviens pas sur les dignitaires nazis cités, mais on trouvera aussi le moine Raspoutine dans ce joyeux foutoir.

Si la partie Histoire est nulle, le cours de Géographie ne suit pas non plus. On a coutume de dire que les By Night de Vampire sont en général assez pauvres dans ce domaine, parce qu’ils traitent de villes américaines bien connues de nos homologues rôlistes outre-Atlantique. Mais dans le cas présent, et malgré justement « l’exotisme » de la ville, les informations sont pauvres. Et vu ce que la ville est devenue aujourd’hui, vous aurez beaucoup de peine de la récréer telle qu’elle se présentait en 1992, que ce By Night n’aborde quasiment pas. On a en effet juste quelques considérations sur les arrondissements – gigantesques – de Berlin et quelques lieux notables ou complètement anecdotiques.

A ce stade de vacuité, il ne reste plus qu’à espérer qu’il contient du matériel intéressant et valable pour Vampire qu’on pourrait détourner en virant les aspects insupportables mentionnés. On part d’une bonne idée : l’originalité de ce supplément venait de la partition de la ville qui la laissait sous la coupe de deux Princes, désormais forcés de coexister lors de sa récente réunification. La situation se justifiait que le Mur de Berlin avait aussi été hermétique pour les Vampires en raison d’une barrière magique élaborée par les Tremere. C’est magique et hermétique, on connaît cette ritournelle un peu trop facilement chez les rôlistes mais pourquoi pas. Maheureusement, l’ennui gagne vite puisqu’il s’agit de deux Princes Ventrues, et que le tout est livré sans relief. Même si tout est développé de façon un peu plus fine avec tous les groupes d’influence en présence, on reste sur un supplément terne où les Nosfe espionnent, les Toreadors posent, les Brujah bourrinent... Bref, rien de nouveau sous le Soleil, et pas de quoi se relever la Nuit…

Reste donc la mini-campagne, l’Ascension de Caïn, qui a bouffé manifestement toute la place pour développer Berlin, mais qui est suffisamment rare pour qu’on la regarde avec curiosité. Premier constat, comme le scénario ne débute sur rien de moins que le retour de Caïn, très rapidement la localisation et l’exploitation de Berlin deviennent vite superflues : elles reposent sur un élément culturel que vous pourrez tout autant déplacer à Londres ou Paris. Le développement de la campagne est nul, comme toujours chez White Wolf, car il se limite à donner des conseils de mise en scène alors que celles-ci sont indigentes en termes de de contenu. Le scénario avec son thème grobillesque donne le sentiment qu’en plus de précéder Shoah, Berlin annonce aussi Géhenne… Heureusement, le scénario parvient à se tirer avec une pirouette qui sauve un peu le naufrage complet annoncé.

Tout ceci ne vient donc pas adoucir ma détestation de cette très mauvaise farce qui mérite de laisser ce supplément enseveli dans une Histoire de Berlin révolue, et que l’auteur n’a absolument pas été capable de capter.

Critique écrite en décembre 2022.

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