Par Hervé
Rubrique : Interviews
Date : 10 mars 2008
Après plusieurs années de jeu de rôle, Coralie David a décidé de faire son Master 1 de Lettres Modernes sur ce sujet, en tant que mode d'expression littéraire. Master qui fut présenté en juin 2007 avec succès. Son Master en poche, et le site du Grog lui ayant été utile pendant ses recherches, Coralie décida de remercier l'équipe en mettant son travail à disposition de tous par le biais du site, plutôt que de n'en laisser l'accès que par la seule bibliothèque de l'université.
A la lecture, nous avons souhaité faire une présentation de ce travail, afin de donner envie aux lecteurs d'aller y jeter plus qu'un oeil. C'est ainsi que Coralie a bien voulu se prêter au jeu de l'interview.
Q - Bonjour Coralie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, parlons un peu de toi. Quel est ton parcours de rôliste, passé et présent ? Quels sont tes jeux préférés, ton rythme de parties, tes autres centres d'intérêt ?
J'ai commencé le jeu de rôle lors de ma première année d'études supérieures, dans mon école de commerce à Toulouse. David, qui maîtrise maintenant la plupart de nos parties, avait créé un club de JdR, et j'ai eu envie d'essayer. C'était il y a environ sept ans, et depuis on joue au moins une fois par semaine. Ce n'est que prochainement que je vais devenir MJ sur le long terme pour la première fois (j'avais un peu peur de me lancer). Pour cela, j'ai choisi Humanydyne. Mes jeux préférés sont donc INS/MV, C.O.P.S., Mage : The Awakening, Vampire et Shadowrun, même si pour ce dernier je n'ai pas encore eu l'occasion d'y jouer : l'univers me plaît vraiment énormément. Récemment et grâce à mes recherches, j'ai découvert plus en détails les jeux du 7ème Cercle qui me paraissent très intéressants, notamment pour leurs jeux originaux.
Mes autres centres d'intérêt sont la musique (notamment la guitare), la lecture (SF, Fantasy, Fantastique et assimilés, BD, Comics, Mangas) le cinéma et les séries TV (mêmes genres) et enfin les jeux vidéo (RPG, FPS, etc.).
Q - Quel est ton parcours professionnel, et qu'est-ce qui t'a décidé à faire ce Master de Lettres Modernes sur le JdR ?
Mon parcours est plus estudiantin que professionnel : après un BTS de Communication des Entreprises, je suis allée en fac de Lettres Modernes. Mon but, c'était de faire mes recherches sur ce qu'en Lettres on appelle la paralittérature, qui comprend tous les genres comme la SF, le polar, le fantastique, etc. Le JdR, d'un point de vue littéraire, est selon moi un vaste territoire encore inexploré. J'ai donc su dès ma première année que je travaillerai dessus, surtout que les études purement littéraires françaises sur le sujet sont plus que rares. Je voulais un peu prouver au milieu de la recherche universitaire que c'était un objet littéraire original et complexe.
Q - Comment ce thème a-t-il été accueilli par tes professeurs ou tes collègues universitaires ? Ont-ils été plutôt une aide ou un frein ?
Quand j'ai entrepris de trouver un directeur de recherche, certains n'ont même pas répondu à mes messages. Celui qui a accepté était en fait un fan de Lovecraft, et je pense que lui avoir montré l'Appel de Cthulhu a contribué à le motiver. Mais il est tombé malade peu de temps après, et les deux autres professeurs qui m'ont suivie, sans être ouvertement hostiles, avaient l'air un peu... dubitatifs parfois, mais au final apparemment convaincus, j'ai été assez surprise de ma note. En fait, il faut bien avouer qu'il a fallu s'accrocher pour travailler sur le JdR, je me suis un peu débrouillée toute seule : la plupart des professeurs ne sont pas si ouverts qu'ils le prétendent, même en Littérature Comparée, celle des trois sections de Lettres Modernes qui est censée étudier la paralittérature et d'autres médias, entre autres. J'ai rencontré cette année un professeur de linguistique qui m'a dit avoir pratiqué le JdR, et il m'a confirmé qu'en Lettres, ses collègues n'étaient pas ouverts à ces nouveaux médias que sont les JdR, ou même les jeux vidéo.
Alors oui, j'ai plutôt fait ce Master malgré le monde universitaire qu'avec lui. Mais je ne me plains pas, certains disaient que je ne trouverais même pas de directeur de recherche et que j'aurais une note au mieux moyenne.
Q - Dans le monde du JdR, vers qui t'es-tu tournée pour tes recherches ? Ce monde t'a-t-il paru ouvert ou fermé sur lui-même face à tes questions ? As-tu eu des retours, positifs ou négatifs ?
En fait, je voulais au départ essayer de contacter des auteurs pour leur poser quelques questions sur la genèse d'un JdR par exemple, mais il s'est avéré qu'avec tous les documents que j'ai pu réunir, j'ai déjà eu une foultitude d'informations à traiter, et j'ai vraiment manqué de temps. Du coup, je n'ai pas établi de contact direct, même si j'ai énormément utilisé Internet, notamment le GROG qui, tout fayotage mis à part, a été ma principale source d'information de la toile. Mais c'est en partie pour avoir des retours que je fais la démarche de mettre mon travail à disposition.
Q - Quelles ont été les principales difficultés rencontrées dans l'établissement de ton Master ? Aura-t-il une suite, et à quoi ou à qui servira-t-il ?
Faire un plan cohérent a été difficile, je ne savais pas par où commencer. J'ai eu aussi du mal à réunir les sources bibliographiques (livres épuisés, vieux Casus ou Backstab) et ça m'a coûté un peu cher, vu que ce n'est pas le genre d'ouvrages que l'on trouve en bibliothèque universitaire. J'aimerais bien qu'il ait une suite, mais cela dépendra du déroulement de mes études. Cette année (2008) j'étudie la Fantasy Urbaine, et même si je n'ai pas de JdR dans mon corpus principal, j'en évoquerai pas mal. Je ne sais pas à quoi va servir le master dans l'absolu, mais j'ai quelques espérances : qu'il soit une amorce pour donner envie à qui le lira de découvrir et d'étudier le JdR, qu'il soit une aide pour les rôlistes en général et pour les futurs chercheurs, qu'il soit la preuve que le JdR est un objet d'étude littéraire.
Q - Tu cites de nombreuses sources sur le jeu ou le JdR, françaises comme étrangères. Pourrais-tu parler rapidement de celles qui t'ont le plus servi ou qui ont eu le plus d'influence ?
Comme je l'ai dit, Internet avec des sites comme le GROG (qui m'a notamment permis d'avoir une idée des productions originales françaises actuelles en quelques heures), indie.rpg (qui m'a fourni des études très fouillées et approfondies), l'ensemble des ouvrages venant d'Europe du Nord (qui m'ont fait découvrir une autre manière d'appréhender le JdR), le livre de Didier Guiserix pour son historique française et sa documentation riche, les Casus Belli et les Backstab pour les interviews et les articles de fond précis. Merci à tous !
Q - Quelles sont les principales raisons qui t'ont poussé au choix de ces trois JdR pour ton étude : INS/MV, Shadowrun, et Vampire : le Requiem ?
Selon moi, INS/MV est LE jeu de rôle français. Il jouit d'une longue existence et au fil de ses quatre éditions, je trouve qu'il incarne bien l'évolution du JdR de l'hexagone. J'avais aussi besoin d'une campagne solide pour l'étude narratologique, et Fire & Ice s'y prêtait bien. C'est un jeu à part, inclassable, bien écrit et avec un humour très particulier engagé, un je ne sais quoi de typiquement français.
Pour Shadowrun, comme je l'ai dit, je n'y ai jamais joué mais j'ai hâte. J'aime beaucoup l'univers, très riche et polyvalent. D'une part, j'avais besoin de représenter la SF, et le fait que celle de ce jeu soit mâtinée de Fantasy m'arrangeait aussi, vu que je n'avais pas représenté ce genre dans mon corpus principal.
Vampire est un jeu important dans l'histoire du JdR : il marque le tournant d'une école plus narrative, plus littéraire, pour mettre plus l'accent sur l'aspect rôle que l'aspect jeu, pour schématiser. En plus, il touche à un mythe littéraire important, que certains critiques pensent fondateur du genre fantastique.
Q - Tu évoques le JdR avec une origine bien plus ancienne que celle du seul JdR papier. Sans détailler autant que dans ton livre, pourrais-tu retracer brièvement sa présence dans le théâtre, la littérature, ou des jeux de société - anciens ou modernes ? Quelles sont les principales sources ou influences ayant présidé à la genèse du JdR ?
- Les atellanes de la Rome du IIe siècle avant JC : c'étaient de petites pièces de théâtre au cours desquelles les acteurs improvisaient autour d'une intrigue de base.
- La Commedia dell'Arte en 1545 en Italie : les premiers acteurs professionnels improvisaient autour d'archétypes de personnages et furent les premiers à mieux étudier la relation avec le public.
- Les "Parlour Games" de l'Angleterre Victorienne : ces jeux de salon comprenaient par exemple ce qui a donné le célèbre jeu des Loups-Garous de Thiercelieux.
- Kriegspiel : ce jeu prussien, ancêtre de Warhammer Battle et autres wargames, était à la base un outil militaire pour les officiers.
Pour moi, le JdR répond à un besoin du lecteur et du récepteur de l'art en général, qui vise à plus l'impliquer dans le processus de la création artistique.
Q - A qui s'adresse ton Master ? Demande-t-il un bagage professionnel quelconque pour l'apprécier, ou a-t-il un intérêt pour n'importe quel rôliste ou curieux ? Où peut-on le consulter ?
Je crois, en tout cas j'espère, que mon Master s'adresse à tous ceux qui aiment et/ou étudient le JdR : les rôlistes, expérimentés ou non, les chercheurs, les curieux, etc. Je pense que les deux premières parties sont abordables pour tous. La troisième comporte des aspects beaucoup plus techniques, et celui qui n'a pas de notions de critique littéraire le trouvera probablement rébarbatif. Mais j'espère que le plan est assez détaillé pour que chacun y prenne ce qui l'intéresse. Le mémoire est consultable à la bibliothèque de Lettres de l'Université Toulouse II le Mirail, et téléchargeable sur le GROG.
Q - Dans ton étude tu parles successivement de genèse, d'envolée, de chute et de renaissance - termes très bibliques s'il en est. Penses-tu que la"pénétration" actuelle du JdR, son impact ou son influence sur la société, soient stables, ou crois-tu qu'ils puissent encore beaucoup évoluer ?
Les termes sont bibliques car je trouvais ça cohérent avec INS/MV. Pas d'inquiétude je ne suis pas une intégriste catholique. Plus sérieusement, je suis assez optimiste quant à l'avenir du JdR, contrairement à pas mal de monde. Sur les ventes, je ne sais pas, mais je trouve que les JdR français sont de plus en plus qualitatifs, notamment avec l'arrivée des jeux en gamme fermée (C.O.P.S., Humanydyne) et le développement de l'utilisation d'Internet. Les auteurs créent des jeux parce qu'ils sont passionnés, pas parce qu'ils veulent faire de l'argent, et c'est un des gages de la qualité. Il n'y a qu'à voir tous les très bons jeux qui sortent en amateur. Franchement, même si au pire le JdR n'est plus édité en papier, je ne pense pas qu'il "mourra" comme l'annoncent certains depuis des années. Nous sommes effectivement au stade de la renaissance, le JdR évolue, s'adapte. Après, est-ce qu'il aura plus de succès, plus d'adeptes, je n'en sais rien, je pense que c'est essentiellement un problème de communication.
Q - Qu'est-ce qui différencie le JdR des médias plus classiques que sont la littérature, le théâtre, ou les autres jeux - y compris informatiques ? Ou bien qu'y a-t-il en chacun d'eux que l'on retrouve dans le JdR ? Le JdR informatique est-il une menace pour son cousin sur table ?
La différence, c'est avant tout l'interactivité : le rôliste est le co-créateur de l'histoire : sans lui, elle n'existe pas, et chacun la rend unique. C'est moins le cas en littérature ou au théâtre, ou au cinéma : si vous ne lisez pas le livre ou ne venez pas à la représentation, ça ne changera pas l'histoire. Mais en JdR, c'est vous qui faites arriver l'histoire, elle ne se passe pas sans vous.
Contrairement aux idées reçues, je ne pense pas que le jeu vidéo menace le JdR. Je suis une fan des deux, et je pense juste que c'est différent. Quand le cinéma est apparu, certains disaient qu'il allait tuer la littérature. Pour ma part, j'adore jouer à Oblivion, Baldur's Gate ou Fable, mais ces jeux sont juste des adaptations du JdR sur un autre médium. Après, pour ma part, le JdR papier est plus jouissif dans le sens où la liberté est plus importante, l'interaction avec l'univers est illimitée, les scénarios sont souvent plus riches, les autres joueurs sont de véritables "héros" eux aussi, et je préfère imaginer les univers que de les avoir tous cuits devant mes yeux. Après, le jeu vidéo est plus facilement immersif, moins compliqué à mettre en place, parfois aussi plus ludique. Encore une fois, même si j'ai une petite préférence pour le JdR, j'adore les jeux vidéos. Ce sont juste deux médias différents, complémentaires. L'un n'est pas le prédateur de l'autre.
Q - De nombreux auteurs de JdR ont aussi un pied dans l'écriture de nouvelles et romans, et de nombreux romans à succès trouvent une adaptation en JdR. Est-ce un lien particulier à ces deux médias, et cela se traduit-il par d'autres rapports privilégiés ? Faut-il conseiller à des écrivains de pratiquer le JdR ? Complètement. Durant la rédaction du mémoire, j'ai correspondu avec Léa Silhol, auteur de Fantasy. Elle m'a dit que le personnage principal de son roman "La Sève et le Givre", Angharad, était à la base un personnage de JdR. Je pense que les deux sont indissociables, complémentaires. Pour développer et comprendre un personnage, ou le faire évoluer, je pense qu'il n'y a pas mieux. |
Q - Tu parles des différentes définitions du JdR dans ton étude. Laquelle - simple et rapide - retiendrais-tu pour expliquer le JdR à un journaliste qui veut écrire un article ? A un parent qui veut savoir si ce loisir est bon pour son enfant ? A un élu qui doit attribuer des subventions ou des horaires (disponibilité de salles...) à des associations ? Et à un joueur de wargame, un acteur de théâtre, un écrivain ?
- A un journaliste : le JdR est une activité littéraire et ludique proche du théâtre qui permet d'être les co-narrateurs d'une même histoire.
- A un parent : le JdR est une activité ludique et artistique, et fortement socialisante. Elle permet à l'enfant d'apprendre à s'exprimer en société, de construire des discours argumentés pour défendre ses idées, et de passer outre ses différents complexes par le moyen d'un personnage fictif. Très proche du théâtre, le JdR apporte la touche ludique qui, à travers des énigmes et des enquêtes, permet à l'enfant d'exercer sa raison. De plus, on le responsabilise par des choix difficiles lors de situations où sa décision s'avérera cruciale.
- A l'élu : le JdR est une activité socialisante et artistique qui responsabilise les individus en les mettant face à des protagonistes opposants. Les joueurs travaillent en équipe et prennent des décisions communes après examen d'un problème, d'une situation. Son coût est faible (un ou deux livres, des crayons, des dés et des gommes) et sa durée de vie infinie. Il nécessite juste un local et un "meneur de jeu" qui encadrera l'activité, qui dure environ quatre heures par séance.
- Au joueur de wargame : le JdR vient du wargame, ce n'est pas pour rien. Est conservée une partie "tactique", quand parfois il faut entrer/sortir d'un endroit, sauver un allié, attaquer/défendre une zone, etc. Mais le joueur ne contrôle que son personnage, et convient de la tactique avec les autres. Ensuite, l'accent est mis sur l'histoire et le passé des personnages, qui explique qui ils sont : les réactions sont censées être cohérentes avec cela.
- A un acteur de théâtre : en JdR, on devient à la fois acteur, metteur en scène et écrivain. Maintenant, le personnage est vraiment au joueur, qui en fait ce qu'il veut, qui le fait réagir comme il le souhaite. Il n'y a pas se soucier de son jeu : ce qui est joué, c'est ce que les autres voient, pas de contestation possible. De plus le physique de chacun n'est pas limitant : une jeune fille peut jouer un vieillard. Le processus d'immersion est encore plus important que dans le théâtre, et cela peut être une bonne manière de s'approprier un personnage.
- A un écrivain : en jouant à un JdR, il est possible de tester, créer ou faire évoluer un personnage, en le mettant dans différentes situations dont l'issue est inconnue. Il est alors possible de le faire réagir de façon plus crédible, et de reporter cela dans l'oeuvre littéraire. En observant les réactions des récepteurs (autres PJ, PNJ, le joueur lui-même), il est possible d'appréhender celle de futurs lecteurs. On obtient une multiplicité des points de vue qu'il n'est pas possible d'obtenir seul devant sa page.
Q - La société semble pousser de plus en plus à l'individualisme, alors que le JdR est un acte collectif et interactif. Ne peut-on voir autre chose qu'une menace dans cette apparente opposition ?
C'est certain. Mais cette tendance semble s'inverser : même le jeu vidéo, activité considérée à la base comme individualiste et anti-sociale, évolue vers la socialisation (WOW, Second Life). L'argument socialisant et actif (on n'est pas passif face à l'histoire mais actif) du JdR est en effet un argument majeur.
Q - D'après toi, qu'est-ce qui pousse les joueurs à faire du Jdr : désir de s'exprimer, d'être ensemble, de s'évader, de créer ?
Vaste question ! Je ne prétends pas à l'universalité alors je vais répondre en mon nom et celui de mon groupe de joueurs :
- Le désir de s'exprimer artistiquement, sans se dire "oh la la c'est nul ce/cette nouvelle/poème/compo/toile, que je viens de faire".
- Créer des histoires ensemble avec des personnages consistants et des scénarios riches, qui nous donnent du plaisir (c'est le but premier). Certaines campagnes que j'ai jouées m'ont parues bien meilleures que beaucoup de scénarios de films ou de séries, je n'ai pas peur de le dire.
- Le simple bonheur de rêver et de s'évader dans les mondes qu'on adore lire/voir en littérature ou sur un écran. Vous savez, quand vous regardez un film et que vous vous dites : "mais moi j'aurais pas fait plusieurs groupes de un dans cette maison lugubre !" Bref, vivre les aventures à la place de Frodon, Bruce Wayne, Lestat ou Buffy, et réagir à sa propre manière... et se rendre compte qu'elle n'est pas meilleure !
- Le désir d'être ensemble : il se trouve que mon groupe de joueurs est composé d'une partie de mes meilleurs amis : cela crée une complicité à part, c'est un monde qui n'appartient qu'à nous, un rêve collectif. Finalement, c'est aussi ce que font les enfants quand ils jouent.
- Gagner, vaincre, trouver des solutions à des problèmes. Il est toujours jouissif de résoudre une affaire avec brio, de passer au niveau suivant dans un jeu vidéo. Ce n'est bien sûr pas le plaisir principal du JdR, mais il existe.
Q - De plus en plus on voit des auteurs de roman utiliser des idées voire des personnages complets créés par des lecteurs sur des sites internet officiels ou des forums (cf. Alvin le Faiseur par exemple). Le roman n'est-il pas en train de se rapprocher du JdR ?
Comme je l'ai dit, je pense que l'art en général évolue vers une plus grande interactivité, une plus grande implication du récepteur dans l'acte de création. Et Internet joue un grand rôle, puisqu'il permet une diffusion illimitée et instantanée des informations. En fait, le JdR s'inspire de romans et vice versa, ces genres sont intimement liés, depuis toujours.
Q - Quelle aide a pu t'apporter le GROG dans ton travail ? Quelle rôle joue-t-il pour notre loisir et pour la communauté des rôlistes selon toi ? Comment vois-tu son évolution ?
Pour David (MJ de mon groupe) et moi, le GROG c'est LA référence, le premier site qu'il m'a fait connaître quand j'ai commencé à m'intéresser de plus près au JdR. Grâce au GROG, j'ai pu lire descriptions et critiques des JdR français en quelques heures et me faire une idée du paysage rôlistique français. C'est comme ça que j'ai connu le 7ème Cercle et Humanydyne, et un tas d'autres jeux géniaux qui n'ont pas la chance de pouvoir communiquer. C'est aussi ce qui permet de voir les sorties de façon "centralisée" et de voir comment les autres ressentent un jeu grâce aux critiques, c'est parfois assez surprenant. Pour moi, le GROG fédère le JdR français et lui donne une vitrine, une devanture de qualité. c'est le centre de la communication, un portail vers le monde du JdR de l'hexagone.
Je vois son évolution vers une plus grande importance donnée aux jeux amateurs, qui ne peuvent pas se payer une communication digne de White Wolf, et, pourquoi pas, vers plus de conventions, d'événements rôlistiques : "GROG, connecting roleplayers".
Q - Après coup, as-tu un regret particulier concernant ton Master ? A l'inverse, que t'a-t-il procuré comme grande joie ou fierté, ou simplement très bon souvenir ?
Ma grande fierté, ça a été d'avoir une bonne note (16), ce qui veut dire que contrairement à ce que je croyais, le corps universitaire a trouvé que mon travail avait un peu d'intérêt. Communiquer avec Léa Silhol et apprendre que la genèse du personnage principal d'un de ses romans que j'aime beaucoup venait du JdR, ça m'a conforté dans mon idée qu'il y avait vraiment une vaste étude littéraire à mener sur le sujet. J'ai le regret de ne pas avoir abordé plus de thèmes, comme les différences entre les JdR américains et français par exemple. Je suis toujours en colère de voir que le mémoire comporte des erreurs, mais c'est le cas de la plupart des longs travaux.
Au final je suis heureuse d'être allée jusqu'au bout, et j'espère seulement que d'autres vont se lancer, car tout reste à faire.
Merci à Coralie d'avoir répondu à nos questions.
Pour en savoir plus :
- Télécharger le Master de Coralie sur le site du Grog.
- Le site officiel de Léa Silhol.
Si, comme nous, vous avez apprécié le travail de Coralie, n'hésitez pas à le lui faire savoir !