Hebdo du lundi 3 mai 2010

Narmegil avait prévenu ses amis : d'abord la diplomatie. Ce n'était pas parce que le géant avait mangé une quinzaine d'Hommes des Collines qu'il fallait forcément le tuer. Si on pouvait le convaincre de quitter les lieux vers des endroits moins peuplés, tant mieux. Et puis, personne n'avait envie de combattre une montagne de muscles deux fois plus grande qu'un troll et au moins dix fois plus costaude. D'accord, ils avaient autrefois réussi à tuer un jeune dragon qui ne crachait pas de feu, mais ils avaient pu repérer un point faible de sa cuirasse, sans armure. A part sa lenteur, le géant n'avait pas de point faible.

Trouver la caverne où habitait le géant n'avait pas été dur, seul un aveugle pouvait rater de pareilles empreintes. L'entrée était bloquée par un gros rocher aplati de plusieurs tonnes, inamovible. Mais les coups de la lance elfique de Narmegil contre le rocher avaient réveillé le géant. Problème n° 1 : il n'avait pas l'air content - il criait fort - ni disposé à sortir, apparemment. Problème n° 2 : la langue qu'il parlait était incompréhensible. Pas facile la diplomatie, dans ces conditions. Peut-être que par gestes ils pourraient mieux se comprendre ? Si seulement il pouvait repousser ce fichu rocher...

Il eut une idée et fouilla dans son sac, d'où il sortit plusieurs parchemins, butin récupéré dans la soute du Grog, la semaine passée. Il en fit glisser un dans la caverne - un parchemin de Rifts, par un espace sur le côté du rocher. Le géant cessa immédiatement de crier. Encouragé, il fit bruisser d'autres parchemins, les tenant non loin de l'ouverture pour que le géant puisse les voir : L'Appel de Cthulhu, Shadowrun, Nephilim, FantasyCraft, Trinités, Traveller. Juste derrière le rocher, le colosse semblait retenir son souffle.

Le gros rocher fut brusquement repoussé et tomba vers Narmegil, qui dut faire un bond de côté pour ne pas être écrasé. A l'entrée de la caverne, le géant prenait son élan pour lancer un petit rocher rond qu'il tenait dans la main, rocher qui faisait peut-être quand même une cinquantaine de kilos. Les amis de Narmegil restèrent sagement abrités contre la paroi de la falaise, prenant des paris sur la réussite ou non de la diplomatie, ou sur les capacités d'esquive de leur ami, sans abri derrière lequel se glisser, et qui formait une cible parfaite sur la neige...

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