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C'est méchant un Grog

Frank Frazetta

Illustration de couverture

Illustration

Identité

  • Année de Naissance : 1928
  • Date de Décès : 10 mai 2010
  • Nationalité : Américain (USA)
  • Pays : USA
  • Site Web : http://www.frankfrazetta.com

Biographie

LES ANNEES PRECOCES

L'aîné de quatre enfants et le seul garçon, Frank Frazzetta (plus tard il fera sauter un des "z") est né le 9 février 1928 à Brooklyn (quartier de New York). Il découvrit les prodiges du dessin avant trois ans, lorsqu'il vendit son premier dessin au crayon à Grand-mère - pour la somme rondelette de un penny. C'est grâce à son intérêt et ses encouragements qu'il a continué à dessiner pendant ces années précoces. Quand il est allé en maternelle, ses instituteurs étaient stupéfaits qu'il y ait un enfant de 5 ans et demi qui dessinait mieux que ceux de dix ans.

Frazetta a commencé à faire ses propres comics vers six ans. Des histoires élaborées, avec beaucoup de travail aux crayons de couleurs, faisant intervenir ses personnages originaux comme "Snowman" et "le Diable Rouge & Goldy" (sic), qui existent encore et montrent un niveau de style et de sophistication stupéfiants. Une de ses s¿urs prenait souvent les comics que Frank faisait à la maison, et les échangeait à d'autres enfants contre des numéros de Famous Funnies achetés en magasin. Pour ses instituteurs d'école primaire, les capacités artistiques de Frazetta n'étaient pas un mystère.

"Noël, Pâques et le jour de l'an étaient mes gros jours", se rappelle-t-il, "je pense que je dessinais plus de Père Noël, lapins et dindes sur les tableaux que personne ne pouvait compter. Sur la demande d'un de mes instituteurs, mes parents m'ont inscrit à l'Académie des Beaux-Arts de Brooklyn à huit ans. L'Académie n'était guère plus qu'une activité sur un étage/trois pièces avec un total de trente étudiants dont l'âge allait de huit ans - moi ! - à quatre-vingt. Je me souviens encore de l'air sceptique du professeur Michele (Michael) Falanga lorsque je suis entré. Il roulait les yeux et on pouvait presque lire ses pensées au-dessus de sa tête, "Oh, non ! Pas un autre petit prodige !" Il m'a fait asseoir avec un papier et un crayon et m'a demandé de recopier une carte postale avec un groupe de canards dessinés de façon réaliste. Quand il est revenu plus tard pour voir où j'en étais, il s'est saisi de mon dessin en hurlant "Mama mia !" et il a couru en le secouant en l'air, demandant à tout le monde de venir le voir. Je pensais que je m'étais mis dans le pétrin."

Falanga, un excellent artiste de quelque renom dans son Italie natale, était impressionné par le don naturel de Frazetta, et il pensait qu'il avait un potentiel énorme. "Il est mort quand j'avais douze ans", explique Frank, "juste au moment où il faisait des arrangements pour m'envoyer en Italie à ses frais pour étudier les beaux-arts. Je n'ai pas la moindre idée si ça aurait vraiment changé mes centres d'intérêt. Je ne sais pas, mais je ne pense pas. Vous savez, nous ne causions pas beaucoup. Il lui arrivait de jeter un ¿il par dessus votre épaule, et disait "Très bien, mais peut-être que si tu faisais ceci ou cela..." Il parlait un anglais très haché, d'une certaine manière il vous laissait vous débrouiller. Je pense que j'ai plus appris par mes amis là-bas, en particulier Albert Pucci. Falanga voyait quelques-uns des comics que je faisais, et il disait "Quel gâchis, quel gâchis ! Tu devrais être en Italie à peindre des scènes de rue, et tu deviendrais un très grand artiste !" Et ça ne me disait rien !"

"Après sa mort les étudiants ont essayé de continuer à faire marcher l'école, nous étions devenus des amis si proches que nous ne supportions pas de fermer boutique, alors nous avons tous participé et payé le loyer, et nous avons continué à faire cours. Je dessinais des nus et des natures mortes, nous peignions à l'extérieur. C'était complètement différent de la manière dont je travaille maintenant, mais cela m'a beaucoup appris sur les techniques au pinceau et la perspective, et cela m'a aidé à développer mon propre style."

L'école de Mr Falanga fut dissoute peu après. Pendant ce temps, à l'école primaire, Frank obtint la Médaille de Dessin, et le jour de fin d'école, le directeur fit un discours tellement flatteur que cela a fait rayonner de fierté les parents de Frank.

Les années d'enfance de Frazetta ont été un bizarre mélange d'influences. Il aimait les bandes dessinées de Hal Foster, E.C. Segar, et Milton Caniff, mais il découvrait et appréciait l'opéra et les beaux-arts. Il était athlétique presque à l'extrême, pourtant il suivait une voie qui nourrissait sa sensibilité.

La plupart des premiers dessins de Frank sont signées "Fritz", et tous ceux qui essayent d'en faire la collection ont pu passer à côté. Frank utilisait ce nom de plume car c'était le surnom qu'il portait en grandissant, et la plupart de ses amis ne le connaissaient que sous le nom de "Fritz". Petit à petit, le quartier où il vivait a empiré. Le quartier de Brooklyn Sheepshead Bay n'était pas l'endroit pour dire que vous étiez un artiste. Les guerres de gang et la violence faisaient partie de la vie de tous les jours, et Frank est devenu participant actif mais jamais le membre d'aucun gang. Les bagarres faisaient partie du quotidien. Frank se défendait contre tous les rivaux. Il a rapidement gagné la réputation de quelqu'un avec qui compter. C'est peut-être là qu'il a appris à exprimer les sentiments de force et de violence qu'on trouve dans de nombreux dessins.

Pendant son adolescence il a continué à dessiner et à peindre, mais il commença à ralentir avec la découverte des filles et du base-ball. A l'école il établit quelques records lycéens, et par la suite il attira l'attention d'un recruteur pour l'équipe de base-ball professionnelle New York Giants. On lui proposa un poste dans leur équipe locale, avec de bonnes chances de promotion en ligue nationale après une saison, mais il refusa. "J'avais un lien avec une fille à l'époque", dit Frank avec tristesse. "Et partir au Texas et en baver un an dans une équipe mineure ne me tentait pas trop. Il faut se rappeler qu'à l'époque les athlètes ne gagnaient pas autant qu'aujourd'hui. On vous promenait et c'étaient toujours des conflits répugnants. Je me souviens que partir dans un autre Etat me paraissait aller au bout du monde, alors je leur ai dit peut-être l'année prochaine. Le temps est passé et avant que je ne m'en rende compte j'étais trop vieux. Ce fut juste ma voie, de laisser le temps décider pour moi. Si j'ai des regrets, c'est de ne pas être devenu professionnel. Si j'avais la vingtaine et qu'il fallait le refaire - de nos jours, avec les salaires d'aujourd'hui - vous pouvez être sûrs que je le ferai."

"Quand j'avais 15 ans environ", se rappelle Frank, "quelqu'un de la famille me fit rencontrer John Giunta. C'était un dessinateur professionnel pour la compagnie d'édition de comics Bernard Bailey, et ce n'était vraiment pas quelqu'un de très avenant. Il était très distant et imbu de lui, et ça m'était difficile de lui parler, mais il avait beaucoup de talent. Il avait un don exceptionnel, mais cela se conjuguait à un manque total de confiance en soi et une incapacité à communiquer avec les gens. De l'approcher m'a vraiment ouvert les yeux, cependant, car il était vraiment bon. Il avait un style intéressant, un bon sens du détail, et ses encrages rendaient bien. Même aujourd'hui vous pouvez voir une grande part de son influence dans mes dessins à l'encre."

Giunta aima le comic fait maison de Frazetta, "Snowman", et il persuada Bailey d'en publier une version améliorée dans Tally Ho n°1 en 1944. "J'ai fait le dessin et Giunta l'a encré, le peaufinant pour le faire ressembler à leurs autres comics", dit Frank. Puis il travailla brièvement pour Fiction House Comics, nettoya des panneaux et effaça les dessins au crayon sous-jacents pour Graham Ingels, Bob Lubbers, et George Evans. "Ils m'ont mis en boîte après six mois", raconte Frazetta. "Ils m'ont dit que j'avais de l'avenir, mais il n'y avait pas grand-chose à faire pour moi. Alors j'ai regardé chez Standart, et qui vois-je, il y avait Graham Ingels, qui venait de partir de chez Fiction House et qui travaillait là comme nouveau directeur artistique. Il m'avait toujours encouragé, alors il a pris des risques et m'a donné un produit, 'Judy of the Jungle'. J'ai fait un travail terrible. Graham sentait que ça serait un grand coup de main et que ça ferait partir ma carrière pour de bon, mais les propriétaires ont dit 'Le gosse n'est pas prêt'. Ce qui était probablement vrai."

Frank apprenait vite et il avait un don évident, bien qu'à l'état brut, et Standart l'employa comme apprenti. Il dessinait des arrières-plans, des cadres, et effaçait les coups de crayons des autres dessinateurs. Graham Ingels deviendrait célèbre quelques années plus tard, avec les planches d'horreur pour EC Comics, qu'il signa "Ghastly" ; mais l'alcoolisme chronique lui coûta la place de directeur artistique chez Standart. Il fut remplacé par Ralph Mayo. "Quand Ralph est arrivé il m'a pris à part et m'a dit, "Frank, ce que tu fais est bien, mais tu dois apprendre un peu d'anatomie". Quand j'étais à l'école avec Falanga, l'accent était mis sur le ressenti, pas sur les choses élémentaires, aussi je ne comprenais pas vraiment ce qu'il entendait par 'anatomie'. Alors Ralph m'a passé un livre d'anatomie et cette nuit-là quand je suis revenu à la maison, j'avais décidé d'apprendre l'anatomie. J'ai commencé à la première page et j'ai copié tout le livre - tout, en une nuit, du squelette au reste. Je suis revenu le lendemain comme un gamin stupide et j'ai dit, "Merci beaucoup, je viens d'apprendre l'anatomie". Evidemment, Ralph s'est renversé et a éclaté de rire. "Frankie, espèce d'idiot ! Cela fait dix ans que j'apprends, et je ne sais toujours pas l'anatomie, et tu es rentré chez toi et tu l'as apprise la nuit dernière ?!" Mais on dirait que j'avais appris énormément. J'avais la capacité d'absorber les choses et il a immédiatement vu un progrès dans mes dessins. Cela l'a épaté et a beaucoup compté pour moi. A partir de là je me suis amélioré plutôt vite : j'ai commencé à faire des choses avec les silhouettes qui avaient un sens. J'ai travaillé pour Mayo et Standart pendant quelques années, m'occupant de choses comme "Looie Laziebones" et toutes les séries animales humoristiques."

A cette époque la majorité des dessins de comics de Frazetta, signés de son pseudonyme "Fritz", étaient des histoires humoristiques ou des illustrations ponctuelles pour des textes courts. Ces dessins séduisants et capricieux montraient beaucoup de vivacité, et attirèrent l'attention de Disney Studio. "J'ai encore la lettre", dit Frank. "Ils voulaient que je vienne en Californie. J'étais flatté et excité, mais je n'étais qu'un enfant. Il n'y avait aucune possibilité que je quitte Brooklyn."

Frank Frazetta put enfin développer sa créativité en 1946, quand Prize Publications lui donna une chance comme solo dans Treasure Comics. C'était vraiment autre chose que Tally Ho, et il ressentit le besoin de dessiner une histoire qui puisse lui rapporter une estime bien méritée. Standart Publications recherchaient également quelqu'un pour dessiner leurs livres d'animaux humoristiques. Considérant son travail pour Prize, ils l'embauchèrent pour les illustrations du texte de Goofy Comics. Entre les années 1946 et 1950 il travailla avec assiduité pour Standart sur 15 différents numéros, dont la plupart était leurs livres humoristiques comme Barnyard, Coo Coo, Happy and Supermouse. Mais une fois que Standart se rendit compte du potentiel de Frazetta, on lui offrit une histoire de neuf pages dans une numéro d'action/aventure : Exciting Comics n°59. Dans Thrilling Comics il fut aussi considéré comme dessinateur principal pour "Looie Lazybones". On raconte que ce sont ces histoires qui ont attiré l'attention de Al Capp, si bien que Frazetta se retrouva à faire le nègre pour les planches de Li ' l Abner en quotidien.

La période de 1948 à 1951 fut sans aucun doute la plus productive dans la carrière du jeune dessinateur, au fur et à mesure que son travail fut connu d'autres compagnies. Non seulement continua-t-il à travailler pour les séries d'aventures et humoristiques de Standart, mais D.S. Publishing lui offrit une histoire de sept pages dans Outlaws n°9. Ce fut la première de nombreuses histoires de western auxquelles il contribua. La maison d'édition Magazine Entertainment contacta Frank pour aider à leur série "A-1". La popularité de Trail Colt amena rapidement à la création d'une nouvelle série western, Durango. Ce livre parlait de Dan Brand "l'indien blanc", et son acolyte indien Tipi. Cela dura jusqu'en 1952 bien tassé, avec seize numéros. Cette série particulière illustre bien le développement continuel du style précoce de dessin de Frazetta.

ANNEES 50

Quand Frank commença à travailler pour Magazine Enterprises (M.E.) et National (maintenant connu sous le nom de DC Comics), il fut promu au dessin des aventures de Durango, Manhunt, Adventure Comics, et Blackhawk. Ses couvertures pour Ghost Rider lui valurent une formidable reconnaissance, et en 1951 M.E. donnèrent carte blanche à Frank pour la création de son propre comic, Thun'da. "J'ai eu l'idée de ce personnage à la Tarzan qui est piégé dans un monde perdu", explique-t-il. "Ils ont fait appel à Gardner Fox pour écrire le scénario d'après mon idée, et le premier épisode a suivi assez fidèlement mes projets. Et puis l'éditeur, Ray Krank, a demandé à Fox de faire sortir tout ça du cadre préhistorique à la fin du troisième épisode, et il a flanqué par terre toute l'idée générale : ils l'ont transformé en rien de plus qu'un autre comic de sauvages de carton-pâte". Thun'da n°1, publié en 1952, fut le seul comic jamais dessiné en totalité par Frazetta.

Il cessa de travailler pour M.E. après qu'ils vendirent les droits sur la série à Columbia Pictures pour un feuilleton avec Buster Crabbe en vedette. Comme il avait créé Thun'da comme "travail à la tâche" - contrat classique de l'industrie du comic - Frank n'a jamais reçu de paiement supplémentaire pour les personnages et dessins qu'il avait créés. Bob Powell a repris le dessin à partir du numéro 2, et il est resté jusqu'à la fin de la série, au sixième numéro. Le premier numéro est devenu une pièce de collection. Beaucoup ont trouvé que ça a été la meilleure année de Frank en ce qui concerne le dessin de comic.

Frazetta a fait le nègre quelques semaines pour Dan Barry sur Flash Gordon, et il essaya sans résultat de vendre aux syndicats de presse plusieurs idées de planches de quotidien : Ambi Dexter était un lanceur de base-ball aussi doué de la main droite que de la gauche, Sweet Adeline était l'histoire humoristique d'une jeune travailleuse, Nina était la version féminine de Thun'da et Tiga (conçue à l'origine en 1950 avec Joe Greene au scénario) était un récit d'aventure post-apocalyptique.

La guerre faisait rage en Corée et la perspective d'être enrôlé était un souci quotidien, pourtant le début des années 50 fut une période vivifiante et plaisante de la vie de Frazetta. Il travaillait autant ou aussi peu qu'il le désirait, faisant un monceau de dessins pour E.C. (éditeur de comics internationaux d'horreur et violence), Toby Press, et Prize Publications. Ses couvertures de Buck Roger pour Famous Funnies sont considérées comme faisant partie des meilleurs dessins de comics jamais édités, et de nombreux metteurs en scène les ont citées comme ayant eu une influence visuelle sur leurs films. Ces couvertures ont submergé George Lucas, qui prétendit qu'elles avaient été la source d'inspiration pour la saga de la Guerre des Etoiles.

Par ailleurs, Frank était loin d'être maniaque du travail. Il appréciait trop la vie pour rester enchaîné à une planche à dessin, et il se faisait un devoir de jouer au base-ball chaque jour. Il aimait sortir avec des amis comme Nick Meglin, Angelo Torres, et Roy Krenkel, pour poser pour des photos d'identité, et pour aller au cinéma. Beau, musclé, charismatique, Frazetta était recherché des femmes, et il eut une série de liaisons sentimentales. En 1952 Eleanor Kelly, une petite de 17 ans, saisit son regard, et ses jours à butiner d'une liaison à l'autre prirent fin. "J'ai senti qu'elle serait toujours fidèle et je n'avais jamais eu ce sentiment d'aucune autre fille que j'avais rencontrée," révèle Frazetta. "Bien sûr, elle avait la plupart des qualités physiques que je recherchais chez les femmes, elle était belle et athlétique. Mais en plus elle était vive, maligne et effrontée, et elle connaissait beaucoup de choses que je ne savais pas."

Ellie était le parfait contrepoids de Frank, complétant sa forte personnalité par une qui était discrète et tenace. "Je restais assise des heures à le regarder jouer au base-ball", se rappelle-t-elle, "car nous ne pouvions sortir tant que ses parties n'étaient pas terminées. Je m'en moquais. Je l'ai persuadé d'acheter une moto, car mon ancien petit ami en avait une, et Frank et moi nous aimions faire des balades quand il avait fini". Après quatre ans de fréquentation ils se marièrent le 17 novembre 1956.

1952 fut une année pivot pour Frazetta : Thun'da fut édité, il rencontra sa future épouse, et il commença à dessiner sa première planche de comic en journal, Johnny Comet. "McNaught Syndicate avait vu des pages d'avance de Thun'da", explique Frank, "et il m'ont offert une planche. J'étais excité, même si le sujet ne me motivait guère, la course automobile. Mais c'était ma propre planche de comic et je me rappelle avoir pensé, "Chic, j'aurai un emploi stable, je vais me remplir les poches". A la fin des années 40 et le début des années 50 la course automobile était devenue un passe-temps populaire, et Johnny Comet fut créé pour répondre au grand nombre de fans de ce sport. On prétendit que Peter DePaolo, vainqueur d'Indianapolis 500 de 1925, était l'auteur de ces planches, mais son nom avait juste été acheté pour ajouter de la crédibilité à cette histoire de course. Le véritable auteur était Earl Baldwin. Johnny Comet (qui changea de nom pour Ace McCoy en milieu de parcours) ne trouva pas vraiment de public, et il fut arrêté après un peu plus d'un an.

En 1953 Al Capp embaucha Frazetta en tant que l'un des nègres inconnus pour le populaire Li 'l Abner. "Je n'aurais pas dû le faire", confessa Frank, "mais j'étais paresseux. Tout ce que je pensais, c'était que j'adorais raconter des histoires et faire des comics, et Al Capp est venu et m'a fait une offre que je ne pouvais refuser. La paye était splendide et cela me prenait juste une journée pour faire la page du Sunday au crayon, et j'avais le reste de la semaine pour moi ! Que demander de plus ? Une paire de fois je suis allé à son studio de Boston et il m'a payé 100 $ par jour, ce qui à l'époque était vraiment beaucoup". Frazetta travailla pour Capp pendant huit ans pour l'essentiel, enfouissant son style sous celui de son employeur. Bien qu'il répondait à des commandes en freelance pour plusieurs éditeurs de comics au milieu des années 50, après la crise dans l'industrie du comic qui suivit l'enquête du Sénat sur la délinquance juvénile, Frank se consacra entièrement à Li 'l Abner.

Quand Capp essaya de diviser par deux le salaire de Frazetta en 1961, Frank partit avec colère, en croyant qu'il pourrait reprendre sa carrière dans les comics là où il l'avait laissée. "A cause du puissant style de dessin de Capp, j'avais perdu tout ce que j'avais appris et développé moi-même", déclare Frank. "Il fallait que je parte". (Même un an après Capp, ses dessins paraissaient maladroits). Il se mit alors à travailler pour une série de Playboy Magazine intitulée "Lil Annie Fannie".

ANNEES 60

Quand Frank quitta le studio d'Al Capp début 1961 il pensait qu'il n'aurait aucun problème à trouver un nouvel emploi stable. Et ainsi, portfolio en main, il se mit à chercher. Mais il semblait que ses dessins étaient un poison pour tous les éditeurs à qui il les montrait. Ses meilleurs étaient rejetés car trop "vieux style". Il croyait honnêtement que Capp l'avait mis sur liste noire après son départ du studio en si mauvais termes. Ce "passage à vide" dans la carrière de Frazetta se remarque particulièrement dans les coups de pinceau de son "Autoportrait" (1962). Il garde bien l'expression de l'artiste préoccupé d'alors. L'histoire raconte qu'il l'a peint après encore une épuisante journée passée à chercher du travail. Il n'était pas complètement inactif cependant. Il y avait des compagnies qui trouvaient son talent bien utile. Par exemple l'une de ces compagnies : Midwood embaucha Frazetta pour illustrer quelques-unes de leurs nouvelles pleines d'esprit.

Finalement, le creux de la vague s'acheva en 1963 quand le meilleur ami de Frank, Roy Krekel, lui fit découvrir les couvertures de livres de poche (familiers de beaucoup d'entre nous). Il commença pour Aces Paperbacks, avec une série de nouvelles d'Edgar Rice Burroughs. C'était l'utilisation adaptée de sa peinture à l'édition. C'était aussi son premier travail officiel sur l'un de ses personnages favoris, "Tarzan", un rêve de Frazetta depuis l'enfance. La réaction du public fut écrasante. D'autres firmes de livres de poche ont commencé à s'y intéresser. Un dos de couverture pour Mad Magazine, une illustration de Ringo Star fut remarquée par United Artists Films Studios qui fit faire à Frazetta le poster de What's New Pussycat ? Pour cela Frank reçut 4000 $, le salaire d'une année complète gagné en une après-midi ! En fin de compte cela commençait à payer.

Une histoire amusante se cache derrière sa couverture de "The Mad King". Il aimait tellement son dessin de l'édition de 1964, que lorsqu'il fallut le fournir pour une réimpression de l'édition de 1970, il refit tout le dessin et donna cela à la place. Bien que la copie soit de moindre qualité elle fut tout de suite acceptée, simplement à cause de la popularité de Frazetta. Entre 1963 et 1965 Frazetta fit vingt-cinq couvertures et vingt-deux illustrations intérieures pour Ace.

Et puis Frank commença une série de peintures exemplaires, pour la compagnie d'édition de Jim Warren, qui laissa une totale liberté à Frank d'utiliser ses talents au mieux. Vers le même moment, Lancer Paperbacks lançaient les séries de Conan, de Robert E. Howard. Ils engagèrent Frank pour faire les couvertures. Quand ils arrivèrent en kiosque, ils sont devenus l'un des plus grands succès de l'histoire, avec plus de 10 millions d'exemplaires. Beaucoup de gens achetaient les livres juste pour la couverture, et se désintéressaient complètement du contenu.

Comme les couvertures de Frazetta aidaient à faire vendre les livres, il est devenu plus sélectif sur ce qu'on lui proposait. Il garda la propriété de tous les dessins originaux, et ne donna les droits que pour une première édition. Ceci fut le début d'une nouvelle tendance dans l'industrie du livre de poche. A ce jour les dessins de Frazetta sont considérés comme des beaux-arts. Les beaux-arts sont complets, "Cela a un début, un milieu et une fin". Pour en faire la preuve, Frank va parler de conception tout en prenant des dessins du mur et en les retournant, ce qui attire l'¿il vers le centre d'intérêt, satisfait de trouver une expression quelque soit l'angle.

Les techniques au pinceau et à l'encre qu'il utilisa dans les pages de Creepy attirèrent l'attention de Canaveral Press. Le but de l'éditeur était de faire une série de réimpressions de Burroughs dans un format de grande qualité. Et le parfait dessinateur pour cela était Frank Frazetta. Il sortait juste de chez Ace, encore avide de Tarzan, et plein d'expérience en poche. Son style d'illustration se rapprochait le mieux des éditions à couverture rigide dessinées par J. Allen St John (un "saint" de Frazetta). Ce que réalisa Frazetta pour ces quatre livres (dont l'un ne fut jamais publié) fut une série de dessins au pinceau et à l'encre qui, à ce jour, défient ceux qui voudraient les surpasser. Les illustrations de Frank pour Canaveral Press sont considérées par beaucoup comme ses meilleurs dessins, tout à fait comparables à la vitalité de ses peintures à l'huile. Le Dr David Winiewicz, ami de longue date de Frank et propriétaire de l'original du "Seigneur de la Jungle", est particulièrement enthousiaste sur cette période de dessins en noir et blanc de l'artiste, concernant Burroughs, et il a réussi à en obtenir un nombre certain pour sa collection personnelle. Ce dessin particulier a frappé de nombreux lecteurs d'Edgar Rice Burroughs, et Frazetta lui-même a été tellement saisi par cette puissante création centrale qu'il l'utilisera comme base pour la couverture originale de Conan le Barbare sept ans plus tard.

Si la perspective reste assez uniforme dans ses couvertures pour Warren, Frazetta put faire des expériences avec le contenu et la couleur : son dessin pour Creep n°15 est un bon exemple de la manière de rendre un sentiment d'horreur avec une palette limitée, non transitoire, et un sujet inhabituel.

Le succès retombant de Creepy rendit peut-être un magazine partenaire inévitable. Pour protéger le titre Eerie de ses concurrents, Warren rafistola un premier numéro - taille de comic et couverture noir et blanc - et le sortit rapidement en tirage limité. Le titre assuré, un second numéro grand format est sorti pour le marché grand public en 1965. Comme pour Creepy, Frazetta pouvait peindre ce qu'il voulait sans être gêné par un rédacteur ou directeur artistique. Toujours intéressé par les dinosaures, il profita de la liberté donnée par Warren pour créer cette rencontre brumeuse avec un Tyrannosaurus Rex. Plusieurs fois le rédacteur Archie Goodwin écrivait une histoire inspirée par la couverture du magazine, et ce dessin de Eerie n°5 ne fit pas exception : "The Swamp God" fut illustré par un ami de longue date de Frazetta, Angelo Torres.

"J'aimais Warren", se rappelle Frazetta. "Il était amical, très plaisant. C'était un petit gars coquet qui te couvrait de fadaises, mais si tu le savais tu pouvais faire avec. Il était drôle. Il avait cette habitude, 'Nous sommes une équipe, Frank, bla bla bla'. Ça aurait pu marcher pour d'autres dessinateurs - ça ne marcha pas pour moi. Je dessinais pour lui car j'adorais faire des grands formats - et je ne l'avais pas sur le dos. Je crois que j'ai toujours eu du bon temps et je pense que cela se voit dans le dessin."

"J'ai dit à Jim Warren, 'Ecoute, prépare-toi, car je vais te choquer de temps à autre' - ce que je faisais", se rappelle Frazetta. "Mais il se moquait de ce que je faisais - 'Occupe-toi de le réaliser, fais-le rentrer !' Et puis j'ai fait ce dessin horizontal, 'Sea Witch', et Jim en est presque mort : 'Frank ! Qu'est-ce que tu as fait ?! Comment allons-nous éditer ça ? Il va falloir le découper et le faire rentrer au plus près'. J'ai dit 'Ne le touche pas'. Il l'a imprimé à l'horizontal, en entier sur la couverture, et la réaction fut colossale, bien qu'il soit très petit". Beaucoup considèrent "Sea Witch" comme une peinture vraiment exemplaire de dessin contemporain fantastique, une référence qui permet de juger les autres. La version imprimée sur la couverture de Eerie (et le poster des Frazetta Prints) est celle que les gens connaissent le mieux, pourtant elle n'existe plus sous cette forme. Frank l'a beaucoup remaniée, réalisant pour l'essentiel un nouveau dessin qui correspond à l'apparence de son dessin original.

Bien qu'une illustration pouvait être ruminée pendant plusieurs semaines, et être l'objet de piles de gribouillages et de petits brouillons, une fois que Frazetta commençait à peindre il travaillait avec une obsession intense, et il passa rarement plus d'une journée sur ses dessins les plus connus. Sa rapidité était légendaire - une fois il a fini trois couvertures pour Ace, pour la première série de Burroughs, en deux jours. Le fils de Frazetta, Frank, se souvient avoir dit à son père, à 9 ans, juste avant d'aller au lit : "Hé Papa, quand est-ce que tu commences ton prochain dessin ?" Il répondit "Cette nuit". Quand Frank junior se réveilla le lendemain matin, le "Néanderthal" était achevé. En juste 6 heures !

"Je n'oublierai jamais mon travail sur le "Egyptian Queen". Je l'ai entièrement fini en un jour et demi, et je l'ai regardé. Il était achevé pour autant que j'étais concerné. Et puis j'ai regardé son visage et il ne m'a pas plu. Alors j'ai commencé à repeindre le visage, et je l'ai peint et repeint, encore et encore. Eh bien, il m'a fallu environ trois jours pour arriver au bon visage. Et soudain il m'a comme aveuglé. Je l'ai juste regardé et je ne me souvenais plus où j'étais. C'était étrange. En fin de compte je me suis fixé sur un visage quelconque et je l'ai amené à Warren, ils l'ont imprimé ainsi et puis je l'ai oublié. Alors une paire de mois plus tard ça m'est revenu - j'étais à nouveau frais. Je l'ai juste regardé et Pan ! J'étais crevé devant ce visage que tout le monde connaissait. Quand je suis revenu, que je l'ai regardé, reposé, en cinq minutes son visage était peint."

Ses dessins de livre de poche ont continué irrégulièrement pendant l'année 66, avec juste une poignée de contributions. On attribue cela à la production de posters de film cette même année. Par contre, 1967 montra le retour de Frank dans les couvertures lorsqu'il fut chargé par Lancer de peindre les couvertures pour les séries de livres de Conan. Le travail qu'il fit pour Lancer était de bien meilleure qualité que celui qu'il avait fourni à Ace. Tout d'un coup on lui offrit plus d'argent par couverture, et il put garder les originaux. Ace, d'un autre côté, gardait les originaux de Frazetta et les vendait pour plusieurs fois le prix qu'il lui avait payé. Les couvertures de Lancer sont réputées pour être celles qui ont rendu Conan célèbre.

Manifestement Frazetta tira beaucoup de fierté de ses peintures pour les livres de Conan, et l'estime qu'il reçut de Lancer le stimula vers des niveaux d'excellence encore plus élevés. "Bien que j'aie pris plaisir à illustrer les ¿uvres de Edgar Rice Burroughs, je les trouve un peu lourds et conservatifs, et les fans sont trop prompts à juger l'artiste s'il n'est pas fidèle au texte. Je préfère bien plus illustrer les récits de Robert E. Howard. Ils ont une ambiance et une histoire plus puissantes que ceux de Burroughs, et permettent une plus grande palette d'interprétation pour les illustrations. De même que St. John est connu pour Edgar Rice Burroughs et Tarzan, j'aimerais que l'on se souvienne de moi pour Robert E. Howard et Conan. Je ressens comme un sentiment de manque, que Howard ne soit pas vivant pour apprécier ce que j'ai fait avec Conan". Des critiques injustifiées d'éditeurs jaloux finiront par aigrir les sentiments de Frank sur le travail d'Howard, mais on ne peut douter de l'énorme impact que ces images ont eu sur les lecteurs, les éditeurs, de même que toute la communauté artistique.

Frazetta a encore peint une couverture de maître. En réalisant qu'il avait très peu de sujets d'illustration sur lesquels travailler, Frank ignora entièrement le récit et créa une scène de carnage qui résumait ses sentiments pour le personnage. Mécontent du visage et du casque de Conan dans la version publiée sur la couverture du livre de poche, il bricola le dessin par la suite, dans son temps libre, pendant plusieurs mois, le polissant et l'améliorant. Trouvant toujours que quelque chose n'allait pas, il décida de repeindre toute la silhouette. Malgré la pose dominatrice et dramatique, Frazetta avait l'impression que Conan était comme séparé de l'action avoisinante. Sa version retravaillée est plus intime et plus personnelle, une description du combat plus mortelle. Horrible de cruauté mais fascinant dans son intensité, ce dessin transcende clairement son sujet.

Frank se rappelle, "Je me souviens que les fans s'approchaient de moi dans les conventions et me disaient" 'quelle fabuleuse couverture. J'ai lu tout le livre en attendant d'arriver à la scène de couverture et je ne l'ai jamais trouvée. Alors je l'ai relu en pensant que je l'avais ratée, mais sans succès'. Frank déclara "Ne jugez jamais un livre sur sa couverture."

Conan l'Aventurier fut le premier livre de la série publié en 1966 (bien que fondé sur "l'histoire" établie par les rédacteurs, chronologiquement il était dans le désordre) et ce fut un succès immédiat. Le portrait fait par Frazetta du personnage de Howard était unique dans son genre menaçant, une création qui emmêlait son magnétisme animal et un public habitué aux stériles interprétations parfumées de personnages de sword and sorcery de Steve Reeves. Avec un simple dessin Frazetta définit l'expression d'un genre entier. L'avenir de Lancer, au moins pour un temps, était assuré par le statut de best-seller atteint par les livres de Conan. Et pendant ce temps les rédacteurs de la série (de Camp et Lin Carter) étaient dédaigneux quand ils parlaient des liens entre les couvertures et la popularité renaissante de l'¿uvre de Howard - se plaignant que Conan avait besoin d'une coupe de cheveux ou qu'il n'était pas très beau.

Ses dessins de couverture continuèrent largement jusqu'aux années 70, quand Ace décida de réemployer Frank pour faire de nouvelles couvertures et illustrations de page de garde pour encore une nouvelle série de rééditions de nouvelles de Burroughs. Cette fois-ci cependant, Frank garda les originaux. Dell Books l'embaucha également. C'est pour Dell qu'il peignit deux de ses plus célèbres tableaux : Death Dealer (pour Flashing Swords n°2) et Silver Warrior (pour Silver Warriors). Puis il passa chez Warner Books pour fournir sept couvertures pour leur compagnie, dont l'une fut plus tard transformée en couverture d'album pour Molly Hatchet. A la fin des années 70 Frazetta ne faisait plus que quatre couvertures par an environ. Ce n'était pas faute de popularité. Au contraire, à ce moment il n'aurait pas pu être plus populaire. C'est autour de 1975 qu'il commença à ralentir le rythme. A peu près au même moment que la sortie de son premier livre de dessins (Fantastic Art de Frank Frazetta), et il passa à un nouveau domaine : faire du commerce.

ANNEES 70

En 1970 le club de livres de science-fiction Doubleday s'est embarqué dans un ambitieux programme de réédition des aventures interplanétaires de Edgar Rice Burroughs. Naturellement, les couvertures extraordinairement populaires de Frazetta pour Ace et Lancer faisaient de lui le choix logique pour illustrer la série. Son dessin de Une Princesse de Mars, le premier de la série, était si parfaitement "Frazetta".

Bien que Frank et Ellie étaient tout à fait à l'aise dans leur maison de Long Island, et étaient bien occupés à élever leurs quatre enfants, ils revinrent à Sheepshead Bay (Brooklyn) pour être plus près de la famille. Alors qu'ils étaient là, Ellie avait mis de l'argent de côté et fait un pari en démarrant une petite affaire appelée Frazetta Prints. Cela consistait juste en 5 posters de quelques-unes des premières ¿uvres de Frank. Elle travailla avec assiduité avec quelques concessionnaires pour amener les dessins de Frank sous le regard du public. Maintenant, quelques 28 ans plus tard, cela a fleuri en un empire de plus de 150 différents livres, impressions, lithographies et littéralement tout ce qui appartient aux dessins de Frank.

Alors qu'ils vivaient à Sheepshead Bay depuis seulement un an et demi, Frank rêvait toujours de grands espaces et d'intimité. Avec son fils qui arrivait au lycée et la violence scolaire qui devenait incontrôlable, Frank décida de commencer à accomplir son vieux rêve. Ils se mirent à chercher cette vieille ferme avec beaucoup de terrain. Je me rappelle que nous passions des jours à conduire avec mon père dans l'ouest du New-Jersey et la Pennsylvanie pour trouver l'endroit de ses rêves - en vain. Les prix s'étaient envolés les dix dernières années et tout ce que mon père aimait était déjà largement hors de portée de ses finances. Toutes les vieilles fermes pittoresques et les lots de terre avaient été achetés et construits. Papa s'est tourné vers moi et a dit, "Je ne peux pas croire que j'aie attendu si longtemps, qu'il n'y ait plus rien". Nous avons fait des centaines de miles sans même une piste.

Et puis, tiens, un agent immobilier de Stroudsburg (Pennsylvanie) dit : vous savez, il y a ce vieil endroit juste en dehors de la ville avec 67 acres (27 hectares) et une mare. Mais la maison est très délabrée et pratiquement sans valeur. Papa a dit allons jeter un ¿il. Mon père me disait, tu peux toujours réparer ou remplacer une maison, mais tu ne peux pas remplacer la terre et l'intimité. Papa avait toujours été prévoyant, surtout lorsqu'il a posé le regard sur la maison. Il en est tout de suite tombé amoureux. C'est sûr, la maison était délabrée, le terrain était envahi de buissons et d'arbres, tout l'endroit n'avait apparemment jamais été entretenu. Peut-être depuis le début du siècle ! Le prix demandé était un prix que Papa pouvait se permettre, la seule chose qui empêchait mon père de conclure, c'était que quelqu'un d'autre avait déjà fait une offre ! Seulement 500 $ de moins que le prix demandé. L'offre fut refusée et au grand étonnement de mon père l'acheteur potentiel avait abandonné la transaction. Avant que vous puissiez achever la phrase précédente, mon père dit "Je la prends."

Bon sang ! Tout ce que je pouvais penser, c'était qu'est-ce que Maman aime bien Papa pour déménager à cet endroit. Il y avait beaucoup de travail à faire pour transformer cette maison délabrée en foyer. Maman et Papa étaient déterminés à faire de ce lieu la maison de leurs 4 enfants, et avec l'aide d'un balai, d'un tracteur Kubota et de beaucoup de dur labeur cette vieille maison est devenue la propriété maintenant magnifique où demeurent 3 des 4 enfants et 9 petits-enfants. En seulement 6 mois l'endroit était superbe, les champs étaient coupés, la maison peinte, les enfants faisaient du golf, pêchaient et jouaient à cache-cache dans la propriété. La même année un promoteur avait offert à Papa 4 fois plus que le prix d'achat. Sans manquer de respect pour la personne mon père a dit poliment, "non merci, c'est chez nous maintenant". Quelques 29 ans plus tard (en 1999) la belle propriété d'aujourd'hui va accueillir en plus le nouveau Musée d'Art Frazetta.
"Quand j'ai peint "Death Dealer" et "Silver Warrior" à la suite, je m'étais endormi sur mes lauriers, me laissant mener par le courant. Je pouvais livrer un dessin à moitié achevé à un directeur artistique et il chantait mes louanges ; je ne ressentais aucun défi. Et puis j'ai pris conscience qu'il circulait une rumeur qui m'a dérangée - que j'étais fichu, que je n'avais plus rien fait depuis des années. Mon succès était un hasard, juste une question d'opportunité. Ces flatteurs qui m'avaient tourné autour me taillaient maintenant en pièces pour le dîner ! Dans des publications ! Et bien je voulais leur montrer qu'ils n'y connaissaient rien, leur faire voir mon audace d'antan. Je pense que j'avais besoin de cet aiguillon. Je me suis assis et j'ai peint "Death Dealer", et puis "Silver Warrior" - bang ! Aussi bon voire meilleur que tout ce que j'avais jamais fait. Tout d'un coup les critiques se sont faits très discrets."

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COMMENT ATLANTIS FUT PRESQUE PERDUE

A ce moment-là Frank Frazetta Jr avait 15 ans environ. "Je me revois entrer dans le studio de Papa et je n'en croyais pas mes yeux". Il recouvrait de blanc sa peinture d'Atlantis ! "P'pa, qu'est-ce que tu fais !" haleta Frank Jr. "Je n'ai pas laissé assez de place pour le reflet dans l'eau" répondit Frank.

Il n'avait plus de toile sur laquelle peindre, alors j'ai insisté pour courir au magasin lui acheter une demi-douzaine de feuilles. "Papa, commence seulement à enlever la peinture blanche humide et je serai de retour". Je suis revenu une heure plus tard avec les nouvelles toiles et je suis ressorti fièrement avec, à ce jour, mon tableau et objet sentimental préféré de toute ma collection personnelle - la peinture originale d'Atlantis. Le temps passant j'avais emmené le dessin à une convention de comics de New York. Nous avions une petite table avec quelques posters et des numéros de Pen & Ink à vendre. Je demandais 3500 $ pour le tableau d'Atlantis mais je n'ai trouvé personne d'intéressé. L'année suivante je suis revenu et j'ai monté le prix à 7500 $ car je m'y étais attaché. J'ai eu un monsieur qui était intéressé pour l'acheter, mais son épouse y a mis fin brutalement. Les années qui suivirent je me suis un peu plus attaché au tableau. Un jour, je suis entré dans le studio de Papa avec mon estimée possession et j'ai fait une offre qu'il ne pouvait refuser. Je lui ai amené un bel appareil photo de 35 mm sans raison apparente. Mais j'avais un mobile. Mon père avait un faible pour les appareils photo. Je me revois lui dire "Hé P'pa", comme je déposais le dessin d'Atlantis sur son chevalet, "est-ce que tu pourrais accorder autour d'une heure de ton temps là-dessus, pour peaufiner une paire d'endroits qui ne sont pas tout à fait finis, et peut-être détailler plus le guerrier". Il m'a regardé en arrière et a dit "tu sais que tu es un petit malin ?" "Allez P'pa", j'ai imploré, "regarde cet appareil photo - j'ai travaillé trois semaines pour te l'acheter". Il accepta. En 1984 on m'a offert 75 000 $ pour l'original et j'ai refusé. Maintenant il trône fièrement sur le mur de mon salon.

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Certainement l'un des dessins de Frank les plus populaires, "Cat Girl" fut profondément modifié depuis sa conception première. "Je pensais qu'il avait un potentiel, mais à l'origine il a été fait pour Warren et je devais m'occuper de ce qu'il pouvait présenter en kiosque. Elle était blonde et portait une peau de léopard, vous connaissez la déesse de la jungle du comic classique. Mais c'était une création intéressante et j'ai pensé, "Hé, je parie que je peux transformer ça en quelque chose de vraiment spécial !" De tous les dessins que j'ai fait, cette version est vraiment devenue la préférée de pas mal de monde. Je pense que cela représente réellement une partie de mon moi intérieur."

Le visage sinistre du bourreau médiéval fut la dernière toile que Frank dessina pour Warren pour plusieurs années. Une carrière florissante dans les industries du livre et de la publicité gardaient rempli le planning de Frank, alors que des difficultés économiques obligèrent Warren à baisser son niveau et à recourir aux rééditions de comics. Les retours occasionnels de Frank aux couvertures des magazines aidèrent l'éditeur à retrouver la rentabilité. Pendant leurs douze ans de relations il a réalisé quelques-uns de ses meilleurs dessins et a influencé plusieurs générations de jeunes talents. Dans le même temps, les comics de James Warren ont atteint leurs meilleurs chiffres de vente lorsqu'ils comportaient des couvertures de Frazetta, et il a réimprimé plusieurs d'entre elles sur de nouveaux numéros (sans indemnité supplémentaire au dessinateur) chaque fois qu'il devait rectifier une mauvaise pente. "Je ne me rappelle pas vraiment pourquoi j'ai arrêté de dessiner pour lui", admet Frank. "Je n'ai pas eu de rupture avec la personne ou quoi que ce soit. Je pense que c'était dû en partie au fait que nous avons déménagé en Pennsylvanie et que je n'allais plus en ville. Aussi, à ce stade je réalisais des posters de films et on me payait de sacrés sommes. Même si ça me plaisait de faire ces dessins, à savoir ce que je désirais, il ne payait que 250 $ environ, alors que les autres me donnaient entre 1000 et plus de 10 000 $ par commande. J'avais une famille à nourrir et des factures à payer, aussi je pense que je ne pouvais plus justifier de continuer à travailler pour Warren". Ce dessin ne fut jamais rendu à Frazetta et sa véritable propriété est devenue source de polémique et d'aigreur quand Jim Warren le vendit aux enchères au début des années 90.

C'est en 1974 que Ian Ballantine approcha Frank pour faire un livre de ses dessins. Le livre fut une bombe et connut six impressions. Il y eut quatre volumes de disponibles, avec plus d'un million d'exemplaires vendus. Egalement, trois calendriers furent réalisés et l'affaire des posters augmentait jusqu'à plus de 100 illustrations.

Des célébrités d'Hollywood ne sont pas étrangères à la "Magie Frazetta". Clint Eastwood (qui, par ailleurs, ressemble à Frank selon certaines personnes) rendit visite à Frank et lui commanda le poster de son film, "The Gauntlet".

Sylvester Stallone (Rocky) est venu passer du temps ainsi que Georges Lucas (la Guerre des Etoiles). Lucas est un grand fan et un collectionneur de Frazetta, possédant deux originaux de Frazetta dans sa collection. John et Bo Derek passèrent commande à Frank pour faire leur logo corporatif, "Svengali".

Parmi les noms d'Hollywood qui ont visité ou contacté Frank on a les semblables à Francis Ford Copolla, Marlon Brando, Sandra Loche, Dino De Laurentiis, Tom Laughlin, Patrick Duffy, Charleton Heston, Arnold Schwarzenegger, Orson Welles, Cher, Dick Clark, pour en citer quelques-uns. Au lieu des nombreuses offres d'Hollywood de s'impliquer dans la réalisation de films, Frank a en fin de compte consenti à faire le grand saut.

ANNEES 80

La décennie 80 commença sous de bons auspices, avec une invitation de Ralph Bakshi pour venir à Hollywood co-produire un dessin animé fondé sur les concepts de Frazetta. Bakshi était un fan de longue date et admirateur de Frank, et il pensait toujours que ses dessins devaient être montrés à l'écran. Frazetta accepta l'offre de Bakshi et partit pour Hollywood. Ils embauchèrent une équipe de dessinateurs pour les images, et des acteurs en chair et en os pour pouvoir rotoscoper (dessin par-dessus une séquence filmée) des scènes sélectionnées. Frazetta voulait que le film comprenne de l'action réaliste et crédible. De nombreuses scènes d'action virent Frank faire lui-même les chutes, renversements et donner les coups, car certains des cascadeurs disaient que cela ne pouvait se faire. Et bien Frank prouva à quelques-uns des meilleurs cascadeurs d'Hollywood qu'ils avaient tort.

Frank sculpta plusieurs modèles d'argile des principaux personnages à l'usage de l'équipe. Frazetta peignit aussi une grande toile pour le poster du film et un certain nombre d'illustrations étourdissantes au crayon, qui furent utilisées dans la séquence d'ouverture du film. Frazetta travailla comme un furieux sur ce projet, jour et nuit. Hélas, à cause d'un mauvais marketing et de problèmes de distribution, ce ne fut pas le succès qu'il avait espéré. Trop de cuisiniers avait gâché la soupe.

Non affecté par cette déception, Frazetta est revenu à sa propriété de Pennsylvanie et acheta un bâtiment de 10 000 pieds carrés (1100 m2) dans le centre ville de Stroudsburg Est. Au début les deux fils de Frank commencèrent là leur propre entreprise, alors que Ellie se consacrait à l'ouverture du nouveau Musée d'Art Frazetta. C'était un vieux rêve de son épouse, Ellie, et elle s'est lancée dans ce projet jusqu'à ce qu'il soit achevé. Le musée exposait avec goût ses plus célèbres dessins. Mis en relief par de l'art africain et des bronzes de scènes naturelles, c'était un écrin sans précédent pour aucun artiste vivant, encore moins pour quelqu'un d'étiqueté comme juste "illustrateur". En avril 1985 le nouveau musée ouvrit ses portes en grande pompe. Une riche fête d'ouverture fut donnée et de nombreux politiciens locaux y assistèrent, ainsi que Ian et Betty Ballantine, les amis de toujours de Frank, Dave Winiewicz, et Nick Meglin, les mère, père, oncle et tante de Frank, et des dizaines de fans. Frank peignit une nouvelle version à l'huile du "guerrier Masai" debout, pour le musée. Elle couvrit un mur. Le musée devint une espèce de Mecque pour les nombreux fans, qui firent de longues distances pour admirer les splendides chefs-d'¿uvre exposés.

"C'était l'idée d'Ellie", expliqua Frank. "Nous avions sans arrêt des appels de fans qui demandaient s'ils pouvaient venir voir les originaux. Les meilleures réalisations des années passées devaient être exhibées à des conventions variées, mais c'était la source de disputes dangereuses. Nous avons fait le musée pour tous ceux qui voulaient avoir du plaisir avec mes dessins les années suivantes. Pas pour le profit - si j'avais voulu faire de l'argent, j'aurais vendu les originaux. C'est ma joie de montrer mes dessins."

Un incendie dans les étages inférieurs du bâtiment en 1995 fit fermer le musée ; heureusement aucune ¿uvre ne fut endommagée. Des projets annoncés de relocalisation de la galerie à Boca Grande, en Floride, furent changés au dernier moment, et Ellie envisage, au moment où j'écris, de rouvrir le musée à Stroudsburg Est en 1999.

Mais avec le confort financier et la consécration des critiques, les années 1980 apportèrent des problèmes de santé au robuste dessinateur. "Les premiers symptômes sont apparus vers 1986", raconte Frank. "J'avais trois commandes en cours en même temps, et je travaillais la nuit. Parallèlement à cela j'avais acheté de la térébenthine vraiment bon marché, une vraie saloperie. Les fumées étaient si terribles qu'elles m'ont probablement déréglé la thyroïde. Personne n'est bien sûr de ce qui provoque un dérèglement de la thyroïde, ou qui l'arrête, ou qui la fait devenir hyperactive, mais on sait avec certitude que les produits chimiques peuvent l'affecter. Je travaillais depuis deux semaines avec cette térébenthine qui s'insinuait dans tout le studio : c'était tellement mauvais que mon épouse et mes enfants ne voulaient même pas entrer dans la pièce. Mais le bon vieux Frank continua sans s'en soucier. "Je suis costaud, ça ne me fera rien". Au moment où je finissais les dessins j'ai soudain senti ce goût étrange, insidieux, dans la bouche. C'est comme si la mort était entrée."

Le dessin est devenu plus difficile et il commença à éprouver des vertiges et des douleurs affaiblissantes. Les huit années suivantes Frazetta vit des dizaines de docteurs et fut soumis à tous les tests imaginables, toujours sans résultat concluant. Son poids tomba en flèche de 180 à 128 livres (82 à 56 kg) et son anxiété augmenta. Une visite à la clinique Mayo fut un désastre. Ils pensaient que ses problèmes étaient mentaux ; ils ne trouvaient aucun fondement biologique à ses symptômes. Frank revint chez lui en Pennsylvanie et pensa qu'il mourrait bientôt. Heureusement, un docteur local fit un test courant de la thyroïde et trouva le problème - une thyroïde déréglée qui provoquait de grands dysfonctionnements hormonaux. Une fois le bon traitement prescrit, Frazetta commença à retrouver un état normal.

Peu de gens réalisèrent que le "retour" de Frank fut plus l'exposition d'un triomphe personnel, que ce n'était un signe du désir de retrouver ses racines dans le comic. Un problème thyroïdien mal diagnostiqué avait fait des ravages dans sa vie professionnelle et personnelle. "Tout d'un coup je n'avais plus ces images merveilleuses en tête. Et même si je pouvais être assis là et faire comme si je travaillais sur une création, un dessin, le vrai mécanisme était parti. J'ai remarqué que quand je prenais le pinceau, rien ne se passait. Tout était vide. Il n'y avait plus aucune spontanéité, plus aucun courage pour s'asseoir et faire avancer les choses. "Qu'est-ce que j'ai perdu ?" Je pensais que c'était parce que je devenais vieux, et je savais que je perdrais une partie de mon talent. En fin de compte. Mais c'est arrivé si vite. J'ai tout essayé : plume et encre, crayon, pinceaux ; tout était affreux. Je regardais mes anciens dessins et je me demandais, "Comment est-ce que j'ai fait ça ? J'imagine que c'est tout simplement ce qui arrive quand on devient vieux". Manifestement je croyais que c'était quelque chose dans ma tête qui ne fonctionnait plus bien, c'était juste que ni les docteurs ni moi n'avions pensé à la thyroïde.

Une fois son déséquilibre hormonal guéri, les choses prirent un nouveau tour. "La chose la plus merveilleuse et incroyable c'est que à l'instant où ils ont soigné ça, bang ! Tout est revenu immédiatement. Je n'imaginais pas que mon talent reviendrait aussi bon que jamais. C'est fou, mais cela montre que le cerveau est un ordinateur délicat et parfois les circuits ont besoin d'un peu de soudure."

On offrit à Frazetta la tâche de faire la couverture de Mission Terre, écrit par L. Ron Hubbard. Etrangement, la couverture fut rejetée et un autre dessinateur fut employé. Peu de temps après, Author Services (la section littéraire de l'empire de L. Ron Hubbard) commanda à Frazetta une grosse série de couvertures pour de nombreuses nouvelles de Hubbard. De plus, une série de lithographies furent réalisées pour accompagner la sortie des livres. Ce fut une tâche lucrative et cela aida Frazetta à revenir dans le monde du dessin moderne. Une nouvelle génération est maintenant exposée à la splendeur de Frazetta.

ANNEES 90

Sa guérison engendra un renouvellement créatif, et au début des années 90 Frank resurgit dans le marché. Il laissa quelques originaux à la vente aux enchères chez Sotheby et Christie, où ils partirent pour des grosses sommes à cinq chiffres.

Frazetta acheva une ravissante peinture à l'huile intitulée "la Princess et la Panthère" et elle fut utilisée sur la couverture du magazine Heavy Metal. Cela fut suivi par l'édition de Small Wonders en 1991, un livre de Kitchen Sink Press consacré à la réédition de nombreux dessins d'animaux humoristiques de Frazetta des années 40. Cela fut suivi de près par l'édition de Kitchen Sink's Pillow Book, un recueil des aquarelles de Frazetta à différents moments de sa carrière. La plupart de ces aquarelles étaient des créations personnelles conçues comme cadeaux pour certaines fêtes (Ellie l'encourageait souvent à lui dessiner une aquarelle pour Noël, la fête des mères, etc.) ou simplement pour s'amuser. Le livre se compose de morceaux choisis. Il y a une centaine d'autres dessins qui n'ont encore jamais été vus.

Un regain d'intérêt pour les dessins de Frazetta culmina dans le milieu des années 90. Un certain nombre de gens arrivèrent avec de nouveaux projets et idées. Randy Bowen persuada Frank de l'aider à co-réaliser une sculpture de bronze de "sa" peinture à l'huile, The Death Dealer. Glenn Danzig, un ancien fan de Frazetta, collectionneur et star émergente du rock, décida de monter sa propre maison d'édition, Verotik. Il chargea Frank de faire un livre de dessins au crayon fondé sur des monstres et démons. Ce tome fut intitulé Illustrations Arcanum, et il est tout de suite devenu un violent succès. La qualité des dessins et les magnifiques réalisations de valeur se sont mélangées pour dynamiser le nom de Frazetta dans le monde du dessin. Danzig suivit ce succès avec une série de comics Death Dealer, d'autres réalisations assorties sur le thème du fantastique-surnaturel, une série de sculptures ayant pour base les modèles Fire and Ice de Frank, et un nouveau personnage intitulé Jaguar God, pour lequel Frazetta peignit plusieurs peintures à l'huile grandioses. La compagnie de Danzig présenta le nom de Frazetta à la nouvelle génération et ils réagirent.

Egalement, en 1993, le célèbre promoteur et marchand d'art de Madison Avenue, Alex Acevedo de la salle d'exposition Alexander de la ville de New York, commença à retrouver de l'intérêt pour les dessins de Frazetta. Il décida de faire une somptueuse exposition et de présenter les dessins originaux de Frazetta au monde du dessin d'art de la ville de New York. L'intérêt d'Alex pour Frazetta s'enflamma, et il commença à acheter tous les dessins de qualité sur lesquels il parvenait à mettre la main. Il fit un splendide livre à couverture cartonnée pour accompagner l'ouverture de l'exposition à Halloween, en 1994. D'un bout à l'autre l'exposition était ce qui se faisait de mieux ; Frazetta n'avait jamais eu un meilleur cadre pour étaler son talent. La foule fut subjuguée. Frank fut présent à l'ouverture avec toute sa famille et il passa un merveilleux moment.

La rencontre de Frank avec le public ne s'en arrêta pas là. En 1995 son épouse et lui se déplacèrent à la gigantesque convention de comics de San Diego. Frank créait des attroupements partout où il allait, on lui décernait le statut de célébrité du meilleur genre. Dave Winiewicz et Joe Mannarino se firent les gardes du corps non officiels de Frank pendant tout le week-end. Frank rencontra un grand nombre de vieux fans comme Boris Vallejo, Julie Bell, Dave Stevens, Simon Bisley, William Stout, Mike Kaluta, Mark Schultz, les frères Hildebrandt, Sergio Aragones, et beaucoup beaucoup d'autres. Pendant l'exposition on décerna à Frank un prix de la célébrité à vie. L'exposition de San Diego entraîna un déluge de commandes privées et encore plus de liens commerciaux. Il signa un contrat avec Clayburn Moore pour réaliser une série de sculptures sur le modèle de ses peintures à l'huile. La première tentative de Clay, The Princess, fut un énorme succès et continue à se vendre. Frank réalisa aussi des commandes privées pour Willam Tucci (une aquarelle de SHI), Mike Allred (un dessin à l'encre de Mad), un dessin à l'encre de Phantom, de Pitt, une couverture pour l'édition Sly Stallone / Judge Dredd du magazine MAD, et un calendrier de peintures à l'huile fantastiques pour Wizards of the Coast (intitulé Beauty and the Beast). D'autres projets comprennent un nouveau livre, ICON, qui rassemble quelques-uns de ses meilleurs dessins, et un livre dans la foulée qui rassemble de nombreux inédits. Frazetta est de retour par la grande porte (bien sûr, ses vrais fans savaient qu'il n'était jamais parti).

On donna à Frank Frazetta, fin 1995, le premier prix Spectrum de Grand Maître du Dessin Fantastique. Quand il revint de San Diego, Frank subit une série de crises cardiaques débilitantes. Après chaque attaque il se rétablit. C'était un nouveau défi à affronter et gagner.

En 1996-1997 le musée fut déplacé à Boca Grande, en Floride. Une île tropicale paradisiaque dans le golfe du Mexique. Bien que le musée fut dans le plus sublime des lieux, il était pratiquement inaccessible aux fans de Frazetta qui souhaitaient le visiter, aussi décidèrent-ils de le déménager sur la propriété Frazetta. Le nouveau musée Frazetta de style espagnol / mexicain est, au moment où j'écris, en phase finale de réalisation, et il sera situé sur la propriété Frazetta de Stroudsburg Est (Pennsylvanie).

Ces dernières années, Frank Frazetta est toujours l'amicale énigme têtue et pleine de talent que son épouse et ses amis ont toujours connue. C'est aussi un grand fanatique des appareils photo. Frank possède au moins un exemplaire de chaque appareil fabriqué depuis le milieu des années 50 (Leica's, Hasselbladt, Contax etc.). Il prend autant plaisir à développer les photos qu'à les prendre. A ce jour Frank a au moins 20 des meilleurs appareils dans sa collection, et littéralement des douzaines d'objectifs. Un jour alors qu'il signait des autographes à une convention de comics de New York, Frank fit une remarque à l'un de ses fans, à propos de l'appareil (Leica) qu'il portait. Le fan a retiré son appareil - au sens littéral - et l'a donné à Frank. Frank en est presque tombé de son fauteuil. Le jeune dessinateur enflammé répondit - ce serait pour moi un honneur de vous donner cela M. Frazetta, en signe de remerciement pour m'avoir incité à devenir dessinateur. Frank rendit l'appareil au jeune homme et le remercia, mais ne se ferma pas au don généreux.

Une semaine plus tard Frank reçut un colis anonyme au courrier. Le gentleman avait de toute façon envoyé l'appareil ! Avec le colis il y avait une courte lettre disant :
M. Frazetta, vos dessins m'ont influencé et m'ont touché l'âme, virtuellement tout ce que je fais dans ma vie artistique tourne autour de vous. Vous êtes ma source d'inspiration, vous êtes le Maître. Merci énormément.
Signé,
- Bernie M.
A ce jour Frank possède toujours ce même appareil et il a fait de nombreuses photos magnifiques avec.

Dédié à sa famille et à une troupe de petits-enfants, son enthousiasme dans la vie est manifeste et contagieux. Assurément Frazetta possède un ego puissant et paraît arrogant par sa confiance en lui. Mais en même temps il dédaigne beaucoup de ses réalisations, hésitant à accepter le mérite qui lui est dû. En essayant de s'assurer qu'on ne profitait pas de lui, Frank et Ellie ont combattu par inadvertance, pour le bon droit des dessinateurs avant que cela ne devienne une habitude, en établissant un exemple pour le retour des originaux et la reconnaissance des droits d'auteur.

Traduit (mars 2002) d'après le site de l'auteur, avec son aimable autorisation.

Frank Frazetta est mort d'une crise cardiaque, à l'âge de 81 ans.

Ouvrages Professionnels

Illustration de couverture
Parution
Gamme
Editeur
Bloodlust
première édition
janvier 1991BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Bloodlust
première édition, deuxième impression
janvier 1995BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Bloodlust
première édition
mars 2017BrigandyneAuto-édition
Contes et Légendes
première édition
janvier 1993BloodlustIdéojeux
Enclume et le Marteau (L')
première édition
septembre 1992BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Flocons de Sang
première édition
janvier 1992BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Frères de la Nuit (Les)
première édition
janvier 1994BloodlustIdéojeux
Joyaux de Pôle (Les)
première édition
janvier 1993BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Lich Lords
première édition
janvier 1985AD&D - Règles Avancées Officielles de Donjons et DragonsMayfair Games
Player’s Guide to the Wilderlands
première édition
mars 2003D20 - Wilderlands of High FantasyNecromancer Games
Poussière d'Ange
première édition
janvier 1992BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Souvenirs de Guerre
première édition
janvier 1992BloodlustAsmodée Editions - Siroz
Voiles du Destin (Les)
première édition
janvier 1995BloodlustIdéojeux
Wilderlands of High Fantasy
première édition
janvier 2005D20 - Wilderlands of High FantasyNecromancer Games
Illustrations
Parution
Gamme
Editeur
Spherewalker Source Cards
première édition
janvier 1995EverwayWizards of the Coast

Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009.  Dernière mise à jour le 7 octobre 2010.