Livre de 152 pages sous couverture souple.
Les années 30 ne se limitent pas en horreur à la naissance de la vision cosmique lovecraftienne. C'est aussi là que naît véritablement le film d'horreur au cinéma, avec une production massive de films aux méchants iconiques, souvent incarnés par les grands Bela Lugosi et Boris Karloff. Et même si les films muets allemands avaient commencé à traiter le sujet vingt ans plus tôt, ce sont plutôt Dracula (1931), La Momie (1932) ou White Zombie (1932) qui ont véritablement lancé le cinéma d'horreur pour le grand public.
Ombres Sur Filmland (Shadows Over Filmland) est un hommage à ce cinéma, d'autant plus que, même si Lovecraft méprisait ces films, les parallèles sont nombreux entre certaines de ses nouvelles et certains des films. L'ouvrage est donc un recueil de scénarios rendant hommage à chacun des grands méchants du cinéma de l'époque, avec la possibilité d'en faire une campagne.
Le livre s'ouvre sur Double Séance (4 pages), chapitre dont le nom est une référence au fait que, très longtemps, les séances de films d'horreur proposaient deux films à la suite. Il s'agit d'une introduction au livre, avec une étude de la présence de l'horreur classique (vampires, loups garous, etc.) dans les textes de Lovecraft, puis, inversement, de la présence de l'horreur cosmique dans les films des années 30. Cette étude met bien en exergue que les deux univers sont beaucoup plus perméables qu'on ne pourrait croire de prime abord. Les scénarios qui suivent dans le livre sont donc le mélange de l'horreur gothique du cinéma avec l'horreur cosmique de Lovecraft.
Décor Gothique (14 pages) propose une autre ambiance pour les investigateurs, il s'agit des régions reculées que l'on présente dans tous les films de l'époque, où la civilisation peine à faire disparaître les traditions les plus horribles. En présentant ce décor, le chapitre propose des accroches de scène pour tous les lieux (la forêt, le château, etc.) ainsi que les autochtones.
Mort Au-delà du Nil (10 pages) est le premier scénario proposé, hommage au La Momie (1932) avec Karloff. Invités à donner un coup de main sur un chantier de fouilles en Egypte, les personnages vont découvrir que l'on ne dérange pas les pharaons impunément.
Le Bokor Blanc (9 pages) est la suite directe de White Zombie (1932 avec Lugosi). Les personnages arrivent au château du célèbre Legendre et vont devoir trouver une solution rapidement s'ils veulent survivre à l'assaut des zombies de "Meurtre" Legendre.
Dans Dr. Grave Dust (13 pages), un scientifique dérangé a remis la main sur les notes de Herbert West. Les investigateurs commencent par enquêter sur une épidémie de pillages de tombes, qui va les mener sur la piste du dément.
Les Rêves de Dracula (10 pages) rend hommage au célèbre film de 31 avec Lugosi. Les investigateurs, appelés à l'aide par un de leurs amis à propos de sa femme, vont comprendre assez vite ce qui se passe : vampirisme. Mais c'est que Dracula n'est pas un simple vampire et l'éliminer va requérir de découvrir la sombre vérité qui se cache derrière sa non-vie.
Le Grand Singe Vert (11 pages) est un scénario hommage aux jungles reculées et malsaines, présentées dans des films comme King Kong (1933) ou The Bride And The Beast (1958). Les investigateurs sont partis pour une île lointaine porter secours à une exploratrice dont l'expédition a été décimée. Le seul survivant donne à penser qu'elle aurait survécu.
Les expéditions dans la jungle sont aussi le sujet du Seigneur de la jungle (13 pages), où les personnages sont partis en expédition afin de trouver la mythique cité perdue d'Ilarnek. Mais ils ne sont pas les seuls sur cette piste, comme si la jungle ne suffisait pas comme ennemi mortel...
La nuit de ma Mort (10 pages) se concentre sur les films de Val Lewton (1942-1951), mais cela reste bien évidemment dans le thème. La fiancée d'une connaissance des PJ est mal en point : de gaie elle est devenue morose. Elle est en fait persuadée d'être morte...
Dans L'Homme Non-Euclidien (10 pages), les personnages sont invités à un symposium scientifique. Un suicide, puis un meurtre, vont les pousser à enquêter. Tous les scientifiques présents au symposium n'ont pas forcément d'éthique, et il y a des conséquences...
Le Château Noir (11 pages) rend hommage au Black Cat (1934 avec Lugosi et Karloff). Alors qu'ils voyagent dans un coin reculé du fin fond du "décor gothique", les personnages ont un accident et se réfugient dans un château bizarre conçu par un architecte dément.
Pleine Lune (9 pages) peut être la suite directe du scénario précédent. Les personnages se reposent à un centre thermal. Après avoir appris une légende sur un loup garou local, des meurtres similaires vont commencer dans le centre.
La Réserve (11 pages) est un hommage aux cross-over entre grand méchants (même s'ils sont plutôt apparus à partir des années 50). L'idée du scénario est d'être la suite de trois autres scénarios du livre, puisque les personnages vont lutter contre le retour des ennemis qu'ils avaient affrontés dans Rêves de Dracula, Dr. Grave Dust et L'Homme Non-Euclidien.
La dernière bobine (10 pages) est une mise en abyme, puisque les personnages vont devoir faire arrêter le tournage d'un film d'horreur aux thèmes un peu trop malsains. Le FBI demande l'aide des personnages afin qu'ils trouvent un moyen de justifier l'arrêt du tournage du film, intitulé... l'Appel de Cthulhu.
Cette fiche a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009. Dernière mise à jour le 25 février 2012.
Un très très bon supplément proposant pas moins de 12 scénarios et une excellente introduction sur ce que les auteurs appellent le "décor gothique".
Cette introduction en deux parties qui s'étend tout de même sur 23 pages est un modèle du genre: aucun verbiage inutile, aucun remplissage. Du concret et du construit.
Les scénarios ensuite. Ils font tous une dizaines de pages et couvrent des ambiances particulièrement diverses, des momies égyptiennes aux jungles de Bornéo, du classique comte Dracula revisité au disciple perverti de l'architecte Le Corbusier, il y en a pour tout le monde.
Alors, certes, en 10 pages il n'est pas toujours possible de construire une intrigue vaste et tortueuse et cela se sent. Ces scénarios sont assez clairement orientés "prise en mai rapide pour le MJ et "jouables en une seule séance".
Il convient également de souligner le toujours excellent travail d'illustration de J. Huguenin.
Quelques points négatifs viennent toutefois baisser quelque peu la note.
Des plans auraient été plus d'une fois bien utile pour aider à la "Prise en main rapide" mentionnée plus haut. En fait, il n'y a en tout et pour tout que un seul plan dans tout l'ouvrage alors que chaque scénario, ou presque en aurait mérité un ou deux ! Du boulot pour le MJ donc malheureusement...
Alors certes, cela aurait inévitablement conduit à une épaisseur d'ouvrage encore plus conséquente et/ou une augmentation du prix...
Enfin, cela devient malheureusement une règle chez l'éditeur, la pauvre qualité de la relecture laisse encore beaucoup trop de coquilles. Ce que je tolererais sans problèmes pour une production amateur de jeunesse je ne peux que le mettre au pilori pour une production "pro".
Critique écrite en octobre 2009.
Lovecraft passe derrière la caméra.
Enfin, ce sont plutôt les deux comparses Hite et Laws qui mettent l’œil sur l’objectif pour projeter sur vos écrans (de jeux) les films d’horreur des années 30, mâtinés de Mythe de Cthulhu. Quand l’horreur gothique croise l’horreur cosmique.
En générique, Hite décrypte les thèmes fétiches du film gothique, genre que Lovecraft d’ailleurs dédaignait ; côté casting, il passe en revue vampires, loups-garous et autres momies. Côté décors, c’est Robin Laws qui recense en une boîte à outils des plus pratiques tout ce que l’horreur gothique compte de personnages étranges et de lieux reculés et inquiétants, depuis les châteaux perdus dans le brouillard écossais aux forêts insondables de Transylvanie. Le tout constitue une introduction érudite et précieuse pour la mise en scène de vos propres créations.
Puis le film commence : douze scénarios magnifiquement mis en images par l’inénarrable Jee. À l’affiche : de l’enquête, des drames psychologiques, des expéditions dans l’enfer vert, de la zoologie, des zombies, de sinistres demeures, des méchants célèbres et de l’enquête. Douze scénarios touffus et exigeants, jouables séparément ou reliés, assortis d’une ambiance sombre et troublante. Certains relèvent du défi pour le joueur aguerri qui doit se défaire de ses embarrassantes habitudes de jeux pour venir à bout d’un ennemi immatériel, se mesurer à Dracula - un adversaire dont il croit tout connaître - ou bien encore venir en aide à une personne qui se pense morte !
Plus qu’un recueil de scénarios, ce supplément propose avant tout un cadre : le « Décor Gothique » doté d’une atmosphère à couper au couteau ; du noir et blanc angoissant plus que du vert tentacule.
Jérôme Michel (Jeu de Rôle Magazine n°7)
Critique écrite en novembre 2009.
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