Je en 6 jeux
Le Vampire du Château noir
Je devais être en 6ème, et je ne lisais pas. Je n’aimais pas ça. Et puis un été, en vacances chez mes grands-parents, voilà que mon cousin me montre Le Vampire du Château Noir, un livre, certes, mais pas n'importe quel livre : un Livre Dont Vous Êtes Le Héros ! Cette couverture, ces illustrations intérieures, l’ambiance des petits dessins disséminés à droite et à gauche… Ca a été le début d’une longue série de lecture de Livres Dont Vous Êtes le Héros, entre ceux de mon cousin (que j’empruntais), ceux de la bibliothèque (que j’empruntais) et ceux des copains qui en avaient (que j’empruntais). J’en avais quand même quelques-uns à moi dans le lot, principalement des Défis Fantastiques. Ah là là, j’en ai passé des heures dans ces pages !
Je venais de découvrir ce qu’était le jeu de rôle. Ça m'avait énormément plu et j’avais envie d’en savoir plus. Un jour, après mon anniversaire, j’avais un peu de sous et je me suis jeté à l’eau. J’ai été à la boutique du coin pour acheter un jeu de rôle. J’ai pris L’Appel de Cthulhu ! Je n’ai pas regretté mon achat. Je n’ai jamais regretté. C’est un jeu qui a grandi avec moi, et qui s’est révélé au fur et à mesure que j’apprenais à maîtriser des parties. J’en ai mené des dizaines et des dizaines de one shot, ainsi que quelques campagnes souvent avortées avant la fin. J’ai fait de la série Z avec (mais vraiment, quand j’y repense, j’ai fait des trucs vraiment nuls), et aujourd’hui c’est sûrement le jeu sur lequel je peaufine le plus mes parties. C’est un jeu que j’aime toujours autant, et qui trône encore tout en haut de ma ludothèque…
Shaan, ou LA révélation : on peut utiliser le jeu de rôle pour dire des trucs sérieux, pour réfléchir et faire réfléchir… Alors oui, ça peut sembler évident aujourd’hui, mais à l’époque (j’avais 15 ans), ça ne l’était pas tant que ça ! Moi je faisais du karaté contre des profonds, autant dire que la dimension politique du truc, j’en étais loin. J'ai acheté Shaan, je l’ai lu, j’ai adoré l’univers et tout ce qu’il disait. Quant au système… je n’ai rien pigé… Mais ce n’était pas grave ! À époque, je croyais dur comme fer que le système n’était pas important, qu'on pouvait jouer tout et n’importe quoi avec n’importe quelles règles. J’ai essayé de faire jouer Shaan avec les règles de L’Appel de Cthulhu, de Vampire, de D&D3… Rien ne fonctionnait, mais je m'en fichais, j’étais prêt à tout pour aller vivre de grandes aventures sur Héos, pour aller botter le cul de ces colonisateurs, parler de politique autour d’une table de jeu.
Le premier univers que j’ai créé était inspiré par D&D3. Ça s’appelait Vif-Lune. C’était un petit truc bien sympathoche avec plein de chouettes idées dedans. C’est aussi la toute première grosse campagne que j’ai bouclée dans ma vie, une histoire classique mais épique, portée par une excellente table de joueurs (qui se reconnaîtront peut-être). Et puis après cette campagne, mes notes ont commencé à prendre la poussière. Parce que bon, passer de la théorie à la pratique, c’est dur. Poser son univers par écrit autrement que sur des post-it, c’est du boulot. La motivation n’a pas suivi, et aujourd’hui, Vif-Lune, c’est une pile de papiers entassés dans une boîte à chaussure… Dommage, il y avait de chouettes idées dedans…
Au début du XXIe siècle, je me joins à une communauté qui s’est mis en tête l’idée saugrenue de proposer un vrai système de jeu à Shaan. Les années passant, les bonnes volontés s’effritent et le cœur du projet gravite autour d’un petit groupe de personnes. Dans le lot, je me vois propulsé au rang « d’optimisateur de background ». Ma mission : réorganiser les informations de la première édition, les compléter et faire évoluer le background de vingt ans. J’y mets plein de trucs de moi, plein de questionnements qui sont au cœur de ma vie, et la société héossienne passe peu à peu d’une dictature militaire à une dictature économique. Quelques années plus tard, Shaan Renaissance sort, les gens en veulent bien, et une communauté solide et investie se constitue autour du jeu.
Le jeu qui m’a permis d’intégrer le Studio Agate. J’y ai bossé comme coordinateur de la gamme française depuis Héros & Scélérats. Une belle aventure, à mi-chemin entre traduction et création, qui m’a permis de rencontrer des gens formidables, des créateurs de talent, et qui m’a amené à me professionnaliser dans ce milieu. Depuis, je ne suis que joie.
Cette bio a été rédigée le 19 mai 2013. Dernière mise à jour le 1 novembre 2020.